Rapport critique
L’architecture des études de linguistique romane au XVIe siècle**A l’occasion de: Coseriu, Eugenio, Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft. Band 2: Von Nebrija (1492) bis Celso Cittadini (1601): Die Epoche des Humanismus. Bearbeitet und herausgegeben von Wolf Dietrich. Tübingen: Narr Francke Attempto Verlag, 2020. Pp. 293. ISBN 978-3-8233-4642-5. € 68,00. Le regard d’Eugenio Coseriu

Historique de la publication
Table des matières

1.Une œuvre posthume

À l’occasion du XXIIe Congrès international de philologie et de linguistique romanes, organisé à Bruxelles en juillet 1998, une table ronde fut organisée ayant comme thématique l’histoire de la linguistique romane. Eugenio Coseriu (1921‒2002) y fit une présentation dans laquelle il brossa un vaste panorama de l’histoire des études linguistiques dans la Romania; il mentionna alors qu’il avait en préparation un gros ouvrage sur l’histoire de la linguistique (et de la philologie) romane(s), correspondant à un manuscrit de plusieurs milliers de pages.

L’ouvrage ne vit pas le jour du vivant de Coseriu, décédé en 2002. Heureusement, les matériaux préparatoires, basés sur trois cours successifs faits à Tubingue (Universität Tübingen), entre 1970 et 1976, ont été conservés; ils reposent actuellement, avec d’autres manuscrits, au Coseriu-Archiv, répartis sur les universités de Tubingue et de Zurich. Grâce à une initiative heureuse d’anciens disciples de Coseriu, les matériaux correspondant au projet d’une histoire de la linguistique romane (Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft) font l’objet d’un remarquable travail éditorial. Le premier volume, réalisé par le regretté Reinhard Meisterfeld (1940‒2017), parut en 2003 (Coseriu 2003Coseriu, Eugenio 2003Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft. Band I: Von den Anfängen bis 1492. Bearbeitet und herausgegeben von Reinhard Meisterfeld. Tübingen: G. Narr.Google Scholar).

L’ouvrage recensé ici [abréviation utilisée dorénavant: GesRomSpr2] en est la suite; il couvre le XVIe siècle. Au total, l’œuvre comprendra quatre volumes.11.Les volumes 3 et 4 sont consacrés à l’évolution de la linguistique romane aux XVIIe et XVIIIe siècles; le volume 3 (paru en 2022; un compte rendu sera publié ultérieurement dans HL) est consacré aux études de phonétique, de grammaire et d’histoire de la langue; le volume 4 sera consacré à la lexicologie, à la dialectologie et à la linguistique historique. L’éditeur scientifique responsable pour les volumes 2‒4 est Wolf Dietrich,22.Wolf Dietrich a bien circonscrit son travail d’édition: “Der Text beruht auf den Seiten 102‒541 des im Tübinger Coseriu-Archiv aufbewahrten Manuskripts, die etwa dem Format DIN A5 entsprechen und penibel durchnummeriert sind. Teilweise hilfreich für meine Bearbeitung waren auch zwischen 2006 und 2011 erfolgte Transliterationen von Rebecca Krüger, die ich ebenfalls herangezogen habe. Sie erleichterten manches Mal die an einigen Stellen schwierige Entzifferung der – im Allgemeinen gut lesbaren – Handschrift Coserius. Freilich mussten auch Fehler korrigiert werden. Insgesamt habe ich den Text der Vorlesungsvorschrift, der oft gut ausformuliert, oft aber auch im Telegrammstil gehalten ist, ergänzt, geglättet, sehr selten gekürzt, und mit den notwendigen Verweisen versehen. Um die Authentizität des Originaltextes mit seinem oft eigenwilligen Duktus möglichst zu erhalten, habe ich längere mir notwendig erscheinende eigene Ergänzungen in eckige Klammern gesetzt. Alle Fußnoten sind von mir hinzugefügt. Sie enthalten oft ergänzende Informationen für das Lesepublikum, das sie, wenn ihr Inhalt bekannt sein sollte, natürlich auch gern überlesen kann” (GesRomSpr2, p. 10‒11). un disciple de Coseriu qui s’est signalé par des travaux remarquables sur l’aspect verbal dans les langues romanes, sur l’évolution à long terme du latin vers les langues romanes, ainsi que par des travaux de linguistique amérindienne. Le second volume, auquel d’autres disciples de Coseriu (Jörn Albrecht, Johannes Kabatek et Gunter Narr) ont donné leur appui, se présente ainsi comme un témoignage de reconnaissance commémorative envers le maître de Tubingue.

2.La conception historiographique de Coseriu

Comme l’indique l’éditeur scientifique du manuscrit de Coseriu, la conception historiographique de ce dernier est large et non dogmatique: Coseriu ne part pas des débuts d’une “linguistique romane scientifique” (qui remonterait à Friedrich Diez, ou, avant celui-ci, à François J. M. Raynouard, August-Wilhelm Schlegel et Lorenz Diefenbach; Swiggers 1995Swiggers, Pierre 1995 “Une approche anthropologico-linguistique des langues romanes: Ueber die jetzigen romanischen Schriftsprachen (1831) de Lorenz Diefenbach”. Studi rumeni e romanzi. Omaggio a Florica Dimitrescu e Alexandru Niculescu dir. par C. Lupu & L. Renzi, vol. II, 662–674. Padova: Unipress.Google Scholar). Le clivage entre une époque pré-scientifique et l’émergence d’une linguistique (romane) scientifique est d’emblée rejeté.33.La “préhistoire” de la linguistique romane avait été traitée également, de façon moins détaillée, dans les aperçus de Gröber (1888)Gröber, Gustav 1888 “Geschichte der romanischen Philologie”. Gröber (dir.) 1888 3–139. [Version révisée dans Gröber dir. 1904. 1–185] DOI logoGoogle Scholar, Tagliavini (1949Tagliavini, Carlo 19726. Le origini delle lingue neolatine. Introduzione alla filologia romanza. Bologna: Pàtron [19491]Google Scholar, sixième éd. 1972), Vitale (1955)Vitale, Maurizio 1955 “Sommario elementare di una storia degli studi linguistici romanzi”. Viscardi et al. 1955 5–169.Google Scholar et Bossong (1990)Bossong, Georg 1990Sprachwissenschaft und Sprachphilosophie in der Romania. Von den Anfängen bis August Wilhelm Schlegel. Tübingen: G. Narr.Google Scholar; on se reportera aussi aux articles contenus dans deux recueils collectifs: Niederehe & Haarmann (éds 1976)Niederehe, Hans-Josef & Harald Haarmann dir. 1976In Memoriam Friedrich Diez. Akten des Kolloquiums zur Wissenschaftsgeschichte der Romanistik. Amsterdam & Philadelphia: J. Benjamins.Google Scholar; Niederehe & Schlieben-Lange (éds 1987)Niederehe, Hans-Josef & Brigitte Schlieben-Lange dir. 1987Die Frühgeschichte der romanischen Philologie: von Dante bis Diez. Tübingen: G. Narr.Google Scholar. De fait, cette Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft s’arrêtera à la fin du XVIIIe siècle, c’est-à-dire quelques décennies avant la parution des travaux fondateurs de Diefenbach et de Diez. Et, comme le relève Wolf Dietrich, ce qui intéresse Coseriu, ce n’est pas l’histoire factuelle, mais l’histoire des problèmes et des questionnements:

Coserius Begriff von romanischer Sprachwissenschaft umschließt dagegen alle Bemühungen, die durch die richtigen Fragestellungen gekennzeichnet sind, die er von “verkehrten” Fragestellungen abhebt, und die im günstigsten Fall auch richtige Lösungen ermöglichen. So gibt es für ihn kein Recht zu einer Trennung von “vorwissenschaftlicher” und “wissenschaftlicher” Sprachwissenschaft.[GesRomSpr2, p. 9]

[traduction: La conception de “linguistique romane” chez Coseriu, en revanche, inclut tous les efforts qui se caractérisent par des questions correctes, qu’il distingue de “mauvaises” questions, et qui, dans le meilleur des cas, permettent également des solutions correctes. Pour lui, on n’a aucun droit à séparer la linguistique “pré-scientifique” de la linguistique “scientifique”.]

Si une telle approche, non aprioriste, est parfaitement légitime, elle n’est pas sans poser des problèmes: que sont “les bonnes questions” (sans parler des “bonnes solutions”) ? Aux yeux de qui ? Comment les questions (considérées comme “bonnes”) étaient-elles appréciées à leur époque ? N’y a-t-il pas des aspects (parfois plus) intéressants dans les “mauvaises questions” ? Ce sont des points qui méritent une discussion de portée générale, étant donné qu’ils concernent l’orientation foncière de tout travail historiographique.

De l’approche de Coseriu, il suit que l’auteur ne cache pas ses préférences pour tel ou tel savant du passé, et qu’il passe fréquemment des jugements évaluatifs. En voici quelques exemples:

[I] Nebrijas Gramática Castellana […] ist die wichtigste und beste spanische Grammatik in Spanien bis zu den modernen Grammatiken, d.h. der Grammatik der Akademie (1771), von Salvá (1830) und Bello (1847).[GesRomSpr2, p. 16]

[traduction: La Gramática Castellana de Nebrija […] est la plus importante et la meilleure grammaire de l’espagnol avant les grammaires modernes, c’est-à-dire la grammaire de la [Real] Academia [Española] (1771), de Salvá (1830) et de Bello (1847).]

[II] Eigentlich schade, dass Oliveira seine grammatische Tätigkeit nicht fortgesetzt hat, denn nach Nebrija ist er offensichtlich der originellste und begabteste Grammatiker der Renaissance.[GesRomSpr2, p. 56]

[traduction: Il est vraiment dommage qu’Oliveira n’ait pas poursuivi son activité grammaticale, car après Nebrija il est sans aucun doute le grammairien le plus original et le plus doué à l’époque de la Renaissance.]

[III] In dieser Gruppe finden wir die besten, solidesten und vernünftigsten Sprachforscher Frankreichs im 16. Jahrhundert auf dem Gebiete der Sprachge­schichte.[GesRomSpr2, p. 174]

[traduction: Au sein de ce groupe on trouve les meilleurs linguistes, les plus solides et les plus ingénieux, de la France au XVIe siècle dans le domaine de l’histoire de la langue.]

[IV] Freilich sind solche Behauptungen vor allem für das verfehlte und völlig absurde Werk Precellence du langage fran[ç]oys, Paris 1579, charakteristisch, sie gehören aber zum Gesamtwerk von Henri Estienne und zeugen vom Niveau seines historischen Denkens.[GesRomSpr2, p. 179]

[traduction: De telles affirmations sont surtout caractéristiques de l’ouvrage, aux vues erronées et complètement absurdes, Precellence du langage fran[ç]oys, Paris 1579, mais elles font partie de l’ensemble de l’œuvre de Henri Estienne et elles témoignent du niveau de sa pensée historique.]

3.La démarche et le style historiographiques de Coseriu

Dans sa pratique de l’historiographie de la linguistique Coseriu procède comme linguiste général, toujours sensible aux contextes historico-culturels changeants. On ne peut que s’en réjouir, car les incursions de non-linguistes dans l’historiographie de la linguistique relèguent trop souvent à l’arrière-plan ce qui constitue l’essence de l’histoire de la linguistique: les apports (tant positifs que négatifs) proprement linguistiques.

L’approche de linguiste (général et diachronicien) de Coseriu a deux conséquences importantes pour le lecteur: (a) de manière générale, le lecteur est censé maîtriser les concepts et les procédures ‘techniques’ que manie le linguiste, tant dans la description de langues que dans la théorisation linguistique; (b) de manière spécifique, le lecteur est censé être familier avec les concepts fondamentaux mis en place, ou élaborés, par Coseriu:44.Le lecteur non ou moins familier avec la théorie linguistique de Coseriu pourra s’informer utilement par la lecture de Willems (2003)Willems, Klaas 2003 “Eugenio Coseriu (1921–2002). Versuch einer Würdigung”. Leuvense Bijdragen 92.1–25.Google Scholar et de l’introduction dans Willems & Munteanu (dir. 2021)Willems, Klaas & Cristinel Munteanu dir. 2021Eugenio Coseriu: Past, Present and Future. Berlin & Boston: de Gruyter. DOI logoGoogle Scholar. (dia)système, norme, architecture de la langue. S’y ajoute le fait que Coseriu présuppose de la part de ses lecteurs une connaissance au moins passive de plusieurs langues; son éditeur Wolf Dietrich a toutefois voulu faciliter le travail du lecteur en ajoutant des traductions de passages cités.55.Cf. ce qu’écrit Wolf Dietrich: “Die Darstellung der Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft im Zeitalter des Humanismus lebt zu einem ganz großen Teil von der direkten Lektüre der Autoren. Daher sind unzählige Zitate eingefügt, nach Coserius damaligem Selbstverständnis von Romanistik alle in der Originalsprache, Lateinisch, Französisch, Spanisch, Portugiesisch oder Italienisch. Ich habe die lateinischen und romanischen Zitate der Autoren des 16. Jahrhunderts für heutige Leser übersetzt, weil Lateinkenntnisse heute nicht mehr vorausgesetzt werden können und die romanischen Sprachen in ihrer frühneuzeitlichen Form auch für Kenner der heutigen Sprachen nicht immer leicht verständlich sind. In Coserius Intention sollten sie nicht nur die damaligen Autoren lebendig machen, sondern eben auch zur vollständigeren Kenntnis der jeweiligen romanischen Sprachen und ihrer historischen Graphien beitragen” (GesRomSpr2, p. 11).

Le principe historiographique de base chez Coseriu est donc simple, mais exigeant: ad fontes ! Retour aux textes-sources, lecture (linguistique) attentive, contextualisation appropriée, mise en rapport de textes, d’auteurs et de concepts, enfin synthèse et évaluation: ce sont là les ingrédients de la démarche historiographique66.Ce qui constitue un atout particulier de l’approche ‘historico-linguistique’ de Coseriu est le fait qu’il s’intéresse à ce que les anciens textes grammaticographiques et orthographiques nous apprennent à propos de la grammaire historique des langues décrites. Ainsi, dans le cas de l’espagnol, Coseriu exploite les textes primaires pour étudier: (a) le statut de l’aspiration [h], (b) l’évolution respective de [b] et [v], qui fusionnent en [ß]; (c) le statut des sibilantes: [ʃ], [ʒ], [ś] et [s]. Dans le cas de l’italien et du français, les textes primaires sont exploités pour étudier entre autres la distinction entre [e] et [ɛ], [o] et [ɔ]; et dans le cas du portugais, les textes nous renseignent parfois sur la prononciation des sibilantes et sur la métaphonie vocalique. de Coseriu.

Quant au style77.Nous entendons “style” ici au sens défini par Granger (1988)Granger, Gilles-Gaston 1988Essai d’une philosophie du style. Paris: Jacob.Google Scholar. historiographique de l’auteur, il se caractérise par l’emploi flexible de plusieurs “registres”, en fonction de la matière traitée: style narratif quand il s’agit de retracer le parcours historique d’une tradition de recherche ou du traitement d’une problématique; recours à un exposé classificatoire, quand il s’agit d’exposer des caractéristiques, des orientations idéologiques, des distinctions méthodologiques, des conditions épistémologiques, ou des principes;88.p. 13: traits typiques de l’approche linguistique à la Renaissance; p. 144: orientations idéologiques quant à l’histoire de la langue (nationale); p. 205: conceptions distinctes de l’étymologie; p. 215: conditions épistémologiques de la grammaire historique; p. 226: les principes adoptés par Castelvetro. recours à l’énumération pour fournir des listes.99.Listes d’auteurs et/ou d’ouvrages; listes de contenus d’ouvrages; cf. pp. 16, 38, 52, 78, 100, 103‒104 et voir les listes d’ouvrages lexicographiques publiés en Italie (p. 105), en Espagne (p. 106) et en France (pp. 107‒108). Un style proprement “taxonomique” est adopté dans l’examen des travaux de description phonético-phonologique (pp. 23‒24, 63‒64 et 65‒66, respectivement à propos de Nebrija, Bartoli et Rhys). L’alternance des registres obéit au principe aristotélicien du πρεπόν: l’adéquation à la matière traitée; s’y ajoute que l’alternance entre l’exposé de Coseriu et les citations d’auteurs-sources rend la lecture agréable. Signalons qu’il y a quatre tableaux (ajoutés par Wolf Dietrich): un tableau des manuels de langues romanes publiés en Flandre (p. 114), des tableaux pour les manuels de l’italien (p. 118) et de l’espagnol (p. 119) publiés au XVIe siècle, enfin un tableau des manuels de langues romanes publiés en Italie, en Espagne et en France (p. 125).

Nous présentons ci-dessous (Fig. 1) un tableau complété et corrigé répertoriant les manuels d’espagnol publiés en Angleterre et en Flandre.

Fig. 1.Manuels de langue espagnole publiés en Angleterre et en Flandre au XVIe siècle
Angleterre Flandre
1520 Vocabolario [impr. Vorsterman]
1530 Vocabolario [impr. Vorsterman]
1551 Berlaimont [impr. B. Gravius]
1555 Berlaimont
1555 grammaire (trilingue) anonyme [impr. B. Gravius]
1556 Berlaimont [impr. B. Gravius]
1558 Berlaimont [impr. B. Gravius]
1558 Villalón
1558 Meurier
1559 grammaire anonyme [impr. B. Gravius]
1560 Berlaimont [impr. B. Gravius]
1568 Meurier (Coniugaciones)
1568 Meurier (Coloquios)
1586 A. del Corro
1590 A. del Corro
1591 Percyval(l)
1591 Stepney

4.De Nebrija à Cittadini: Problématiques saillantes, figures centrales et dates marquantes

La GesRomSpr2 s’articule en six parties, suivies d’un résumé, d’une bibliographie très copieuse, d’index et d’un tableau chronologique.1010.La bibliographie des sources premières occupe les pp. 235‒255, celle de la littérature secondaire les pp. 256‒271. Il y a trois index: un index des notions (273‒280), un index des mots cités dans les diverses langues romanes (281‒286), et un index des noms (287‒291). La Zeittafel, regroupant les auteurs étudiés d’après les pays où ils ont été actifs, occupe les pp. 292‒293. La littérature secondaire réunie par Coseriu (et Dietrich) est considérable; le lecteur qui voudra la compléter pourra se reporter, entre autres, à la bibliographie dans Swiggers & Van Hoecke (dir. 1989)Swiggers, Pierre & Willy Van Hoecke dir. 1989La langue française au XVIe siècle: usage, enseignement et approches descriptives. Leuven & Paris: Leuven University Press & Peeters.Google Scholar, et dans Swiggers (2001 2001 “La philologie romane de Dante à Raynouard: Linguistique et grammaticographie romanes”. Lexikon der romanistischen Linguistik dir. par G. Holtus, M. Metzeltin & Ch. Schmitt, Band I, 1, 36–121. Tübingen: Niemeyer.Google Scholar, 2007a 2007a “L‘analyse grammaticale et didactico-linguistique du français, du Moyen Âge au 19e siècle. Jalons de l’histoire du français comme objet de description et d’enseignement”. Sprachtheorien der Neuzeit III/2: Sprachbeschreibung und Unterricht, Teil 2 dir. par P. Schmitter, 559–645. Tübingen: Narr.Google Scholar,b 2007b “L‘institution du français. Jalons de l’histoire de son enseignement”. Sprachtheorien der Neuzeit III/2: Sprachbeschreibung und Unterricht, Teil 2 dir. par P. Schmitter, 646–721. Tübingen: Narr.Google Scholar). Signalons ici quelques ouvrages qui auraient pu figurer dans la bibliographie de GesRomSpr2: Buescu (1978Buescu, Maria Leonor Carvalhão 1978Historiografia da língua portuguesa, século XVI. Lisboa: Instituto de Cultura portuguesa.Google Scholar, 1984 1984Gramáticos portugueses do século XVI. Lisboa: Libraria Sùa da Costa.Google Scholar); Chevalier (1968)Chevalier, Jean-Claude 1968Histoire de la syntaxe. Naissance de la notion de complément dans la grammaire française (1530–1750). Genève: Droz. [Nouvelle édition, Paris: Champion 2006]Google Scholar; Droixhe (1978)Droixhe, Daniel 1978La linguistique et l’appel de l’histoire (1600–1800). Rationalisme et révolutions positivistes. Genève: Droz.Google Scholar; Lope Blanch (1994)Lope Blanch, Juan M. 1994Nebrija cinco siglos después. México: Univ. Nacional Autónoma de México.Google Scholar; Padley (1988)Padley, George A. 1988Grammatical Theory in Western Europe 1500–1700. Vol. 3: Trends in Vernacular Grammar. Cambridge: Cambridge University Press.Google Scholar; Ramajo Caño (1987)Ramajo Caño, Antonio 1987Las gramáticas de la lengua castellana desde Nebrija a Correas. Salamanca: Ed. Universidad de Salamanca.Google Scholar; Rico (1978)Rico, Francisco 1978Nebrija frente a los bárbaros. Salamanca: Ed. Universidad de Salamanca.Google Scholar et Schröder (dir. 1992)Schröder, Konrad dir. 1992Fremdsprachenunterricht 1500–1800. Wiesbaden: Harrassowitz.Google Scholar. Parmi les ouvrages fondamentaux parus depuis le décès de Coseriu, signalons l’histoire de la grammaticographie castillane en trois volumes (Gómez Asencio dir. 2006 dir. 2006El castellano y su codificación gramatical. Vol. I: De 1492 (A. de Nebrija) a 1611 (John Sanford). Burgos & Salamanca: Fundación Instituto castellano de la lengua.Google Scholar, 2008 dir. 2008El castellano y su codificación gramatical. Vol. II: De 1614 (B. Jiménez Patón) a 1697 (F. Sobrino). Burgos & Salamanca: Fundación Instituto castellano de la lengua.Google Scholar, 2011 dir. 2011El castellano y su codificación gramatical. Vol. III: De 1700 a 1835. Burgos & Salamanca: Fundación Instituto castellano de la lengua.Google Scholar). Les six parties sont les suivantes:

  1. Die ersten Grammatiken romanischer Sprachen [‘Les premières grammaires de langues romanes’]

  2. Die weitere Beschreibung romanischer Sprachen im 16. Jahrhundert [‘D’autres descriptions de langues romanes au XVIe siècle’]

  3. Romanische Lehrwerke und Sprachvergleich [‘Manuels de langues romanes et comparaison de langues’]

  4. Die Entwicklung historischer Perspektiven [‘Le développement de perspectives historiques’]

  5. Die Etymologie [‘L’étymologie’]

  6. Historische Grammatik [‘La grammaire historique’]

L’axe temporel couvert est le XVIe siècle; les domaines traités sont la description, l’histoire (et l’étymologie) et la comparaison des langues romanes. À l’intérieur de ce cadre, Coseriu analyse quelque 250 textes-sources, d’environ 190 auteurs.

Quelles sont les problématiques saillantes dans le paysage des études de linguistique romane au XVIe siècle ?

La première, à notre avis la plus fondamentale, est celle de la “descriptibilité” des langues vernaculaires: dans quelle mesure les langues “vulgaires” se laissent-elles réduire en règles ? C’est bien là le grand défi pour les premiers grammairiens et Antonio de Nebrija (1441/4‒1522),1111.Elio Antonio de Lebrija (son village natal en Andalousie), de son vrai nom Antonio Martínez de Cala y Xaranda, est le plus souvent désigné comme “Nebrija”; lui-même a utilisé en latin le terme déonomastique Nebrissensis. Les historiographes modernes utilisent soit Nebrija, soit Lebrija (pour un plaidoyer en faveur de la première désignation, voir Álvarez de Miranda 2022Álvarez de Miranda, Pedro 2022 “Nebrija”. El Mundo, 15/7/2022 [rubrique: “La lectura”].Google Scholar). La littérature sur la vie et l’œuvre (très variée) de Nebrija est abondante (voir Esparza Torres & Niederehe 1999Esparza Torres, Miguel Ángel & Hans-Josef Niederehe 1999Bibliografía Nebrisense: Las obras completas del humanista Antonio de Nebrija desde 1481 hasta nuestros días. Amsterdam & Philadelphia: John Benjamins. DOI logoGoogle Scholar); pour une biographie et une bibliographie récentes, voir Martín Baños (2019Martín Baños, Pedro 2019La pasión de saber. Vida de Antonio Nebrija. Huelva: Univ. de Huelva.Google Scholar et 2022 2022Antonio de Nebrija V Centenario (1522–2022). Vol. I: Nueva caracola del bibliófilo Nebrisense. Repertorio bibliográfico de la obra impresa y manuscrita de Antonio de Nebrija (siglos XV-XVI). Salamanca: Ed. Universidad de Salamanca.Google Scholar). Pour une judicieuse introduction à l’œuvre grammaticale de Nebrija, voir Gómez Asencio (2006Gómez Asencio, José Jesús 2006Nebrija vive. Alcalá de Henares: Fundación Antonio de Nebrija. [Deuxième éd. révisée, sous le titre Nebrija vive 500 años después, 2022]Google Scholar, rééd. 2022). Le 5e centenaire de la mort de Nebrija a donné lieu à la publication d’un volume sur l’œuvre grammaticale de Nebrija dans son contexte européen: Gómez Asencio & Quijada Van den Berghe (dir. 2022)Gómez Asencio, José Jesús & Carmen Quijada Van den Berghe dir. 2022Antonio de Lebrixa ‘grammatico’ en su medio milenio. Salamanca: Ed. Universidad de Salamanca. DOI logoGoogle Scholar. — Signalons encore que nous ne fournirons les dates de naissance et de décès que pour les auteurs qui reçoivent une place importante dans GesRomSpr2 (l’ouvrage ne fournit pas ces dates); pour les autres, le lecteur pourra se reporter en général à Koerner (2008)Koerner, Ernst F. Konrad 2008Universal Index of Biographical Names in the Language Sciences. Amsterdam & Philadelphia: J. Benjamins. DOI logoGoogle Scholar. l’auteur de la première grammaire imprimée1212.Avant Nebrija, la tradition médiévale manuscrite comprend, pour la Romania, (a) des grammaires de l’ancien occitan (Ramon Vidal, Razos de trobar, ca. 1200; Uc Faidit, Donatz proensals, ca. 1225; les Leys d’Amors, composés entre 1330 et 1360 pour et par le Consistoire de Toulouse); (b) une grammaire du moyen français (Donait françois, vers 1400); (c) une grammaire de l’italien rédigée par Leon Battista Alberti (Grammatichetta [vaticana], texte composé vers 1450). d’une langue vernaculaire, est bien conscient de relever le défi: comme Nebrija l’écrit au début de sa grammaire, son objectif est de reduzir en artificio este nuestro lenguaje castellano (‘réduire en règles notre langue castillane’).

Coseriu s’intéresse tout particulièrement aux efforts des premiers grammairiens des langues vernaculaires1313.Le travail de Coseriu complète et approfondit l’ouvrage ancien de Kukenheim (1932)Kukenheim, Louis 1932Contributions à l’histoire de la grammaire italienne, espagnole et française à l’époque de la Renaissance. Amsterdam: Noord-Hollandsche Uitgeversmaatschappij.Google Scholar, qui s’intéresse avant tout à la description morphosyntaxique dans les grammaires françaises, italiennes et espagnoles de la Renaissance. – Nebrija occupant une place de choix dans son analyse –, parce que ces premières tentatives affrontent divers problèmes:

  1. celui de l’emploi qui doit être fait du modèle latin (qui se présente comme un instrument “évident”);

  2. celui de la codification de la langue vernaculaire (du point de vue graphophonétique et morphologique);

  3. celui de l’élection d’une norme linguistique;

  4. celui de la définition du rôle et de la position du grammairien de la langue vernaculaire;

  5. celui de la définition et circonscription de l’objet “grammaire”.

Nebrija est un cas exemplaire et fort gratifiant, pour plusieurs raisons: (a) il est l’auteur de grammaires et de dictionnaires; (b) il est l’auteur d’une grammaire latine et d’une grammaire d’une langue vernaculaire; (c) il est locuteur de la variété andalouse de l’espagnol, mais rédige une grammaire du castillan dans la forme que cette langue revêt en Castille; (d) il est conscient du fait d’écrire une grammaire de la langue vernaculaire castillane qui doit servir de modèle pour l’ensemble du pays et aussi pour les étrangers;1414.Et tout particulièrement les habitants des terres qui seront colonisées par les Espagnols. La caraque Santa Maria de Christophe Colomb (parti le 3 août 1492 pour trouver une nouvelle route commerciale aux Indes) amarre le 12 octobre 1492 à l’île Guanahani (= les actuelles Bahamas). La Gramática [sobre la lengua] castellana (pour le titre, cf. Gómez Asencio 2006Gómez Asencio, José Jesús 2006Nebrija vive. Alcalá de Henares: Fundación Antonio de Nebrija. [Deuxième éd. révisée, sous le titre Nebrija vive 500 años después, 2022]Google Scholar, rééd. 2022) de Nebrija parut le 18 août 1492 à Salamanque. (e) Nebrija a exercé une influence non négligeable sur les grammairiens qui ont décrit l’espagnol et le portugais.1515.Voir e.a. l’étude de Hassler (1993)Hassler, Gerda 1993 “Die Gramática de la lengua castellana von Nebrija als Bezugspunkt späterer Grammatiken”. Akten des Deutschen Hispanistentages Göttingen (28.2.-3.3. 1991) dir. par Ch. Strosetzki, 104–122. Frankfurt am Main: Vervuert. DOI logoGoogle Scholar.

Nebrija est un bon connaisseur de ses modèles grammaticaux latins: Donat, Diomède et Priscien avant tout. S’il reconnaît d’emblée le caractère néo-latin de l’espagnol, il s’efforce aussi de dégager les innovations et les particularités de la langue castillane (et d’autres langues romanes): un système phonique différent (qui nécessite des modifications orthographiques), un sous-système d’articles (absent en latin), une structuration différente des temps et des modes, l’absence d’un passif synthétique. Nebrija va même jusqu’à élargir le schéma classique des parties du discours: outre l’article, il ajoute deux parties du discours propres à la langue vernaculaire décrite, à savoir le gerundio et le nombre participial infinito. En ce sens, il est le plus hardi des premiers grammairiens des vernaculaires romans.

Coseriu analyse parallèlement les positions des premiers grammairiens d’autres langues romanes: Gian Francesco Fortunio (c. 1470‒1517) et Pietro Bembo (1470‒1547) pour l’italien; John Palsgrave (c. 1480‒1554), Jacques Dubois (1478‒1555) et Louis Meigret (c. 1510‒c. 1558) pour le français; Fernão de Oliveira (1507‒c.1585) et João de Barros (1496‒1570) pour le portugais. De façon générale, les auteurs de ces premières descriptions des vernaculaires adoptent le modèle grammaticographique latin: phonétique basée sur l’étude de la valeur des lettres, morphologie construite autour du schéma des parties du discours,1616.Sur l’histoire des parties du discours dans la grammaticographie (surtout européenne), voir Colombat & Lahaussois (dir. 2019)Colombat, Bernard & Aimée Lahaussois dir. 2019Histoire des parties du discours. Leuven & Paris – Bristol (CT): Peeters. DOI logoGoogle Scholar. (éventuellement) une syntaxe peu développée axée sur les phénomènes d’accord et de régime. Certains auteurs – auxquels Coseriu s’arrête plus longuement – proposent des vues innovatrices: c’est le cas de Palsgrave, Meigret et Oliveira.1717.On notera qu’à Petrus Ramus/Pierre de la Ramée échoit une place de moindre importance; Ramus est pourtant une figure intéressante, tant par son apport en matière d’orthographe (l’introduction des lettres dites ramistes: i/j et u/v), de grammaire (distinction des parties du discours à partir d’accidents à valeur binaire: ± nombre, ± variation (droite/oblique), ± personne), et d’histoire de la langue (défense de l’origine “gauloise” du français). Sur ce dernier point, voir d’ailleurs GesRomSpr2, p. 161‒163.

Une deuxième problématique saillante concerne la façon dont il faut enseigner (les structures de) la langue vernaculaire à des apprenants. C’est le problème affronté par les maîtres de langues. La “solution” qu’ils adoptent (en général) est celle du transfert par la mémorisation de fragments de langue juxtaposés (langue-source ⁓ langue-cible): plusieurs de ces “maîtres de langues”1818.Certains de ces maîtres enseignaient d’ailleurs plusieurs langues vernaculaires romanes (dans le cas de Gabriel Meurier: français, espagnol et italien); cf. la description bibliographique de sa production dans De Clercq (1997)De Clercq, Jan 1997 “Gabriel Meurier, een XVIe-eeuws pedagoog en grammaticus in Antwerpen”. Meesterwerk: Berichten van het Peeter Heynsgenootschap 10.29–46.Google Scholar. sont aussi des lexicographes chevronnés, comme Gabriel Meurier, Gérard Du Vivier/de Vivre, Claude Hol(l)yband/Holiband, Richard Percyval(l)/Percival, John Minsheu ou César Oudin. Presque tous ces auteurs intègrent à leurs manuels une série de dialogues (ou publient à part un recueil de dialogues). Si les maîtres pratiquent couramment le va-et-vient entre deux ou plusieurs langues vernaculaires, on doit toutefois constater qu’ils ne parviennent pas à élaborer une grammaire proprement contrastive.

L’enseignement des langues modernes, qui prend son essor au XVIe siècle, se concentre dans les villes marchandes et/ou universitaires: Anvers, Cologne, Francfort, Londres, Louvain, Paris, Strasbourg, Venise.1919.Voir à ce propos le volumineux recueil édité par Béhar, Blanco et Hafner (dir. 2018Béhar, Roland, Mercedes Blanco & Jochen Hafner dir. 2018Villes à la croisée des langues (XVIe-XVIIe siècles): Anvers, Hambourg, Milan, Naples et Palerme / Städte im Schnittpunkt der Sprachen (16.-17. Jahrhundert): Antwerpen, Hamburg, Mailand, Neapel und Palermo. Genève: Droz.Google Scholar). Un ouvrage se détache dans cette production par l’énorme succès qu’il a connu (après la mort de son auteur): le ‘Berlaimont’, le recueil lexico-phraséologique de Noël de Berlaimont,2020.Sur les rééditions, adaptations et transformations de l’ouvrage de Berlaimont, voir Verdeyen (1925‒35)Verdeyen, René 1925–35Colloquia et Dictionariolum septem linguarum gedrukt door Fickaert te Antwerpen in 1616. Antwerpen: Nederlandsche Boekhandel; ’s Gravenhage: Nijhoff. (3 vols)Google Scholar, Pablo Núñez (2010Pablo Núñez, Luis 2010El arte de las palabras. Diccionarios e imprenta en el Siglo de Oro. Mérida: Ed. Regional de Extremadura. (2 vols)Google Scholar, avec répertoire des éditions) et Zimont (2022Zimont, Elizaveta 2022La lexicographie bilingue français-néerlandais et néerlandais-français (1527–1656). Étude de métalexicographie historique. [Thèse de doctorat, univ. de Liège, 2 vols]Google Scholar: vol. 1, 88‒91, vol. 2, 308‒312). qui survivra, sous des adaptations caméléonesques, jusqu’au XIXe siècle !

Les deux premières problématiques sont entreliées au sens où elles se recoupent autour de questions de phonétique. Certains auteurs de grammaires y accordent une importance considérable — c’est le cas de Nebrija, de Palsgrave, d’Oliveira et de Meigret2121.Mais certains grammairiens italiens, comme Gian Giorgio Trissino, Claudio Tolomei, Lodovico Dolce et Lionardo Salviati sont également attentifs à des faits de phonétique. — pour diverses raisons: soit parce qu’ils visent à enseigner la “bonne” prononciation, soit parce qu’ils proposent une réforme de l’orthographe, celle-ci devant correspondre à la prononciation (qu’il faut donc décrire de manière exacte), soit parce qu’ils estiment que la description grammaticale doit s’appuyer sur une solide description phonétique. Coseriu examine en détail les vues phonétiques de ces auteurs-grammairiens, mais il s’intéresse davantage aux auteurs qui consacrent un ouvrage autonome à des questions de phonétique (ou graphophonétique). Trois figures émergent: le Gallois John David Rhys (Rhoese/Rheese; nom latinisé: Rhoesus, 1534‒1609), auteur d’un bref traité,2222.J. D. Rhoesus, De Italica pronunciatione et orthographia libellus (Patavii [Padoue], 1569); cf. De Clercq & Swiggers (1996)De Clercq, Jan & Pierre Swiggers 1996 “Le De Italica Pronunciatione et Orthographia Libellus (1569) de John David Rhys”. Italia ed Europa nella linguistica del Rinascimento. Confronti e relazioni dir. par M. Tavoni, vol. II, 147–161. Modena: Franco Cosimo Panini.Google Scholar. de qualité remarquable, sur la prononciation de l’italien; l’Italien Giorgio Bartoli (1534‒1583; Degli elementi del parlar toscano, 1584), qui décrit en détail la prononciation toscane; le Portugais Duarte Nunes de Leão (c. 1530‒1608),2323.Duarte Nunes de Leão est l’auteur de deux traités (Orthographia da lingua portuguesa, 1576; Origem da lingoa portuguesa, 1606); le premier est analysé dans GesRomSpr2, le second sera examiné dans GesRomSpr3. qui a le mérite de comparer la prononciation portugaise avec celle du latin et de l’espagnol et d’avoir relevé la pertinence phonologique de l’accentuation. La démarche grammaticographique des auteurs de manuels didactiques se caractérise aussi, du moins chez certains d’entre eux, par l’attention accordée à la (bonne) prononciation: c’est le cas de Gabriel Meurier (c. 1513/1521‒1597/8) et de Claude Hol(l)yband/Claude de Sainliens (c. 1540‒1597). Toutefois, la préoccupation centrale de ces auteurs de manuels est d’enseigner les structures grammaticales en rapport étroit avec des données lexicales et phraséologiques.

Le marché des manuels didactico-grammaticaux aux Temps Modernes est un univers à part; un examen approfondi aurait nécessité une monographie volumineuse.2424.Pour un utile panorama et une anthologie de textes, voir les deux tomes de Caravolas (1994)Caravolas, Jean-Antoine 1994La didactique des langues. T. 1: Précis d’histoire, I: 1450–1700; T. 2: Anthologie I: À l’ombre de Quintilien. Tübingen: G. Narr; Montréal: Presses de l’Univ. de Montréal. (2 vols)Google Scholar. Signalons qu’il existe pour l’étude de l’histoire de l’enseignement du français une Société pour l’Histoire du français langue étrangère ou seconde (SIHFLES), qui publie, depuis 1988, une revue, Documents. Accès aux fascicules numérisés: http://​www​.sihfles​.org​/la​-revue​-documents​/acces​-aux​-numeros. Sur l’enseignement de l’espagnol au XVIe siècle, voir Swiggers, Gómez Asencio & Quijada (2021)Swiggers, Pierre, José Jesús Gómez Asencio, & Carmen Quijada Van den Berghe 2021 “Spanish Grammaticography and the Teaching of Spanish in the Sixteenth Century”. The History of Grammar in Foreign Language Teaching dir. par S. Coffey, 77–95. Amsterdam: Amsterdam University Press.Google Scholar. Le chapitre qui y est consacré dans la GesRomSpr2 a le mérite de structurer cette vaste matière à partir de quelques points d’ancrage: qui peut-on identifier comme principaux auteurs ? Quelles sont les langues romanes qu’on enseigne, pour quel public, dans quels pays et à partir de quand ? Les manuels sont-ils rédigés dans la langue-source, dans la langue-cible ou dans une troisième langue (en l’occurrence le latin) ? Et quel est le rapport avec la production lexicographique ?

Une troisième problématique importante est celle de l’origine: l’origine de la langue vernaculaire, l’origine des mots. Cette problématique a laissé beaucoup plus de latitude à ceux qui s’y sont attaqués. Le bref chapitre consacré à l’étymologie, qui s’ouvre par une intéressante réflexion sur trois conceptions différentes de l’étymologie,2525.À savoir: (a) l’étymologie comme veriloquium, recherche du ‘véritable sens originel’; (b) l’étymologie-origine, recherche du mot-source (“l’étymon”); (c) l’étymologie-histoire des mots, examen de l’évolution formelle et sémantique d’un mot. Voir à ce propos l’article fondateur de Baldinger (1959)Baldinger, Kurt 1959 “L’étymologie hier et aujourd’hui”. Cahiers de l’Association internationale des études françaises 11.233–264. DOI logoGoogle Scholar, Pfister (1980)Pfister, Max 1980Einführung in die romanische Etymologie. Darmstadt: Wissenschaftliche Buchgesellschaft.Google Scholar et diverses contributions dans Chambon & Lüdi (dir. 1991)Chambon, Jean-Pierre & Georges Lüdi dir. 1991Discours étymologiques. Tübingen: Niemeyer.Google Scholar. comporte beaucoup de renvois au chapitre 4, ainsi qu’au chapitre 6. Coseriu pointe le passage, à la Renaissance, d’une ‘étymologie-explication du véritable sens’ à une ‘étymologie-origine’, sans que les auteurs en question (Nebrija, Raffaele Maffei, Paolo Cortese, Bembo, Dubois, Tolomei) échafaudent une étymologie-histoire des mots. La recherche étymologique au XVIe siècle se concentre sur l’identification de mots d’origine non romane (germanique, grecque, arabe, …); on relève surtout l’absence de méthode, même si un certain nombre d’auteurs parviennent à proposer des étymologies correctes, parfois de mots dont l’origine n’est pas évidente à première vue. Les principaux auteurs analysés par Coseriu sont les Espagnols Bartolomé Valverde y Gandía (fl. 1575; Vocabulos castellanos et Tractado de etimologías de voces castellanas, textes manuscrits de 1579 et ca. 1600) et Diego de Guadix (c. 1550‒1615; Recopilación de algunos nombres arávigos, manuscrit de ca. 1593), et surtout l’Italien Pierfrancesco Giambullari (1495‒1555; Il Gello, 1546).

Une portion importante de GesRomSpr2 est réservée à l’analyse des discussions sur l’origine et l’histoire des langues romanes “nationales” au XVIe siècle. Un sujet complexe, pour plus d’une raison: (a) les discussions sont imprégnées de partis pris idéologiques; (b) l’argumentation est souvent confuse; (c) plusieurs auteurs se situent à cheval entre deux, voire trois positions.2626.Coseriu le montre très nettement dans le cas d’auteurs français comme Geoffroy Tory, Henri Estienne et Claude Fauchet. Les nombreuses citations extraites des textes-sources témoignent du manque de clarté et de rigueur chez les auteurs du XVIe siècle. Coseriu, qui reconnaît ces difficultés, souligne l’absence de méthode et de systématicité chez les auteurs du XVIe siècle (GesRomSpr2, 127‒128). Son analyse structurante – très utile pour le lecteur qui est confronté à une masse de textes-sources – est divisé en deux grands blocs: le premier traite des approches historiques (et “généalogiques”) en Italie, en Espagne et au Portugal (GesRomSpr2, 127‒141), le second est consacré aux théories proposées concernant l’origine du français (GesRomSpr2, 141‒204). En Italie, la thèse de la “barbarisation” du latin (dans son évolution vers les langues romanes) se rencontre chez beaucoup d’auteurs, mais il y a aussi des savants qui font remonter l’italien à l’étrusque (par ex. Pierio Valeriano, Tolomei et surtout Giambullari) ou au grec (Ascanio Persio). En Espagne, l’origine latine de l’espagnol est communément reconnue, mais le rôle important du gotique et de l’arabe est mis en relief par Juan de Valdés (c. 1495‒1546; Valdés résidait à Naples) et Rafael Martín/Martí de Viciana (1502‒1584). Ce dernier insiste, tout comme le remarquable Andrés de Poça/Poza (1530‒1595), sur l’ancienneté du basque. Chez Francisco del Rosal (Origen y etimología de todos los vocablos originales de la lengua castellana, manuscrit de la fin du XVIe siècle), l’espagnol est présenté comme le résultat d’un mélange de langues (latin, grec, hébreu, basque, langues germaniques et judéo-arabe médiéval).

La palette des positions défendues en France est variée. Coseriu2727.Coseriu s’appuie sur le travail de Gerighausen (1963)Gerighausen, Josef 1963Der historische Deutung der Nationalsprache im französischen Schrifttum des 16. Jahrhunderts. [Thèse, univ. de Bonn]Google Scholar, dont il condense et systématise le contenu. distingue les options suivantes (qui chez certains auteurs se combinent, selon des modalités diverses):

  1. origine grecque attribuée au français (principaux représentants: Guillaume Budé, Joachim Périon, Louis Trippault);

  2. origine sémitique attribuée au français (principaux représentants: Guy Le Fèvre de la Boderie, Claude Mitalier, Étienne Guichard);

  3. origine celtique attribuée au français (principaux représentants: Jean Picard, Pierre de la Ramée, Jean Bodin, Robert Ceneau);

  4. origine autonome du français (principaux représentants: Guillaume des Autels, Abel Mat(t)hieu);

  5. origine latine attribuée au français. Cette dernière option est divisée en quatre sous-groupes: (a) philologues apportant une argumentation (Jean Drosai/Drosay, Henri Estienne); (b) philologues ne fournissant guère d’argument (Jacques Bourgoing); (c) historiens fournissant des arguments (François Hotman, Claude Fauchet, Étienne Pasquier);2828.C’est le groupe qui, à l’avis de Coseriu, est le “plus intéressant” (GesRomSpr2, p. 184), parce que les auteurs en question affrontent la problématique de manière correcte et proposent, non des convictions, mais des arguments solides. L’analyse des conceptions des auteurs de ce troisième (sous-)groupe occupe environ un quart (GesRomSpr2, p. 184‒200) du chapitre 4. (d) un groupe constitué par une figure à part: Joseph-Juste Scaliger (1540‒1609).

La quatrième problématique est celle de l’explication du changement linguistique, qui se combine avec la perception de rapports comparatifs. Il s’agit d’une problématique complexe qui comprend plusieurs aspects: (1) l’identification du point de départ (latin classique/latin vulgaire); (2) la reconnaissance de couches chronologiques dans la constitution (lexico-grammaticale) de langues (le problème crucial étant la distinction entre le vocabulaire hérité et le vocabulaire savant); (3) la distinction entre une visée “interne” (le changement envisagé dans son déroulement) et une visée “externe” (le changement envisagé comme accompli); (4) la description de correspondances interlinguales. Comme le note Coseriu, on ne saurait parler de véritable pratique de grammaire historique (romane) au XVIe siècle. Cela tient d’abord au fait que les savants n’opéreront avec le concept de ‘latin vulgaire’ qu’à partir du XVIIe siècle ; s’y ajoute que pour expliquer les changements linguistiques, les auteurs du XVIe siècle se replient trop facilement sur une explication “par corruption” (corruption du latin par les langues “barbares”). Plusieurs auteurs s’intéressent à des changements survenus entre le latin (classique) et les langues romanes (par ex. Nebrija, Bembo, Dubois, Henri Estienne), mais seuls Claudio Tolomei (1492‒1556; Il Cesano, 1555) et, surtout, Lodovico Castelvetro (1505‒1571; Giunta fatta al ragionamento degli articoli et de verbi, 1563) ont été capables de concevoir les changements dans une perspective historique, intégrant l’idée d’étapes évolutives et de strates chronologiques.

Au total, l’analyse patiente de Coseriu des études de linguistique romane au XVIe siècle (y compris la fin du XVe siècle) permet, nous semble-t-il, d’identifier comme figures marquantes Nebrija, Palsgrave, Oliveira, Meigret, Tolomei, Castelvetro, Rhys, Meurier, Duarte Nunes de Leão, Bartoli, J. J. Scaliger.

5.Remarques épistémologiques et méthodologiques

L’entreprise ambitieuse d’Eugenio Coseriu, qui a été mise en forme définitive – de manière très réussie – par ses disciples Reinhard Meisterfeld et Wolf Dietrich, invite à se pencher sur des questions d’ordre épistémologique et méthodologique. Je me limiterai à deux questions.

(1)

Dans le titre général de l’œuvre figure le terme romanische Sprachwissenschaft (‘linguistique romane’). Le contenu de ce terme semble être évident et transparent, mais est-ce bien le cas ? Yakov Malkiel, dans un bref article au contenu provocateur (Malkiel 1961Malkiel, Yakov 1961 “Three Definitions of Romance Linguistics”. Romance Philology 15.1–7.Google Scholar), a montré qu’on peut prendre le terme de “linguistique romane” dans (au moins) trois sens:

  1. Une forme (et une pratique) de linguistique qui prend comme objet les langues romanes (objet défini comme ensemble historico-comparatif);

  2. Une forme de linguistique qui, employant des matériaux romans, se profile comme une linguistique (historique) générale;

  3. Une forme de linguistique pratiquée par des auteurs2929.Le critère de la nationalité (ou de la langue maternelle) des auteurs peut être croisé avec celui du lieu de composition/de publication d’un ouvrage. C’est ce que fait Coseriu (GesRomSpr2, p. 78) quand il distingue (a) les descriptions de langues romanes publiées dans les pays où elles sont la langue nationale; (b) les descriptions de langues romanes publiées en territoire non roman (Angleterre; Flandre; “Allemagne” [= les régions du Saint-Empire romain germanique]); (c) les descriptions de langues romanes publiées dans des pays romans où elles ne sont pas la langue nationale (par ex. descriptions de l’espagnol publiées en Italie ou en France). Cette distinction (qui n’est pas sans problèmes, vu la difficulté de ce qu’il faut entendre, au XVIe siècle, par “nation” et “langue nationale”) n’est toutefois pas adoptée de manière stricte dans la suite de l’ouvrage. qui sont des locuteurs de langues romanes.

Cette distinction est bien plus qu’une subtilité intellectuelle: de manière pertinente, elle permet de différencier des descriptions d’une langue romane (ou de plusieurs langues romanes) conçues dans une visée proprement ‘romane’ (par ex. les travaux de Duarte Nunes de Leão consacrés au portugais [cf. supra, note 23], mais s’appuyant sur une comparaison avec d’autres langues romanes) et une description d’une langue romane dans un cadre qui est soit entièrement monolingue soit ‘universaliste’.

Il n’est donc pas inutile de préciser de quelle façon et sous quelles modalités l’histoire de la linguistique romane s’est constituée et de quels apports elle se compose: “apports à visée romane globale/partielle”, “apports extérieurs à des ‘matières romanes’ ”, “apports théoriques nourris par une ‘expérience romane’ ”, etc.

(2)

Une deuxième question, épistémologique (vu qu’elle concerne l’objet même) et méthodologique (vu qu’elle a une incidence sur le traitement historiographique) concerne l’articulation de données linguistiques. Dans GesRomSpr2, Coseriu opère la distinction suivante: (a) premières grammaires; (b) “autres descriptions” (phonétiques /orthographiques), grammaires et traités linguistiques , lexicologie; (c) ouvrages didactiques et comparaisons de langues; (d) perspectives historiques; (e) étymologie; (f) grammaires historiques.

Cette articulation a un certain nombre d’avantages: elle permet, par exemple, de mettre en évidence les premières grammaires de langues romanes et elle confère une place à part aux travaux étymologiques. Mais du point de vue conceptuel l’articulation est critiquable: (i) les descriptions grammaticales sont réparties sur trois divisions, à savoir (a), (b) et (c); (ii) sous “perspectives historiques” on pourrait légitimement placer aussi l’étymologie et la grammaire historique;3030.Coseriu (GesRomSpr2, p. 128) le reconnaît d’ailleurs quand il range toutes les approches diachroniques sous “perspectives historiques”; dans l’exposé qui suit, il opère une séparation. (iii) de manière générale, la distinction entre ‘grammaires’ et ‘manuels de langue’ (Lehrwerke) s’avère très difficile à manier dans la pratique.

Deux autres options nous semblent possibles:

  1. Une option ‘classificatoire’, qui établit différents genres: (1) descriptions (grapho)phonétiques (y compris: les projets de réforme orthographique); (2) descriptions grammaticales, (2a) immanentes ou (2b) contrastives; (3) descriptions lexicographiques, (3a) monolingues, (3b) bilingues, ou (3c) multilingues; (4) histoire de la langue/histoire de langues;3131.À propos du genre textuel ‘histoire de la langue’, voir le travail magistral de Vàrvaro (1972‒73)Vàrvaro, Alberto 1972–73 “Storia della lingua: passato e prospettive di una categoria controversa”. Romance Philology 26.16–51, 509–531.Google Scholar. (5) études étymologiques, sous forme de (5a) dictionnaire étymologique, ou (5) histoire de mots; (6) travaux de grammaire historico-comparative.

  2. Une option maximaliste et ‘intégrative’, basée sur la distinction entre (a) une focalisation sur les données grammaticales et lexicales de langues, (b) l’attention accordée aux contextes historique et culturel des langues, (c) une visée globale, totalisante sur les langues. À ces efforts de calibrage (= a), d’encadrement (= b), et de topographie (= c), on peut associer des types de produits [voir Fig. 2 pour une schématisation d’une grille intégrative de présentation].

Fig. 2.Grille intégrative
Calibrages Types de produits
▪ plan orthographique traités d’orthographe; abécédaires
▪ plan grammaticographique grammaires [évent. partielles]
▪ plan lexicographique dictionnaires; vocabulaires
CALIBRAGES APPLICATIFS
→ enseignement manuels d’apprentissage;
grammaires ‘contrastives’;
listes de conjugaisons;
→ observations remarques; observations
→ analyses textuelles commentaires d’auteurs
ENCADREMENTS
historicisants histoires des langues/des peuples
évaluatifs éloges; défenses; illustrations
ENCADREMENTS APPLICATIFS
→ confrontation évaluative traités de “précellence”
TOPOGRAPHIES
globalisantes “harmonie des langues”
TOPOGRAPHES APPLICATIVES
→ dénombrement catalogues de langues

6.Corrections de détail

Une des grandes qualités de la GesRomSpr2 est le soin apporté à l’exactitude de la documentation, à plusieurs niveaux: citations de textes-sources, mentions de dates (données biographiques; dates de publication), signalements bibliographiques. De même, les commentaires des textes-sources se caractérisent par leur précision et justesse. On ne relève que quelques erreurs mineures.

À la p. 41 n. 11, l’affirmation que Joh(a)n Barton, qui a commandité le Donait françois (rédigé vers 1400), vivait à Paris doit être rectifiée: Barton avait fait des études à Paris, mais était de retour en Angleterre quand le texte fut composé à sa demande. À la p. 49, il est dit que Meigret considère aimé dans j’ai aimé comme un “infinitif” (Infinitiv), mais il faut savoir que Meigret entend par “infinitif” une forme sans personne (dé)finie (donc plutôt Infinit).

L’indication (p. 113) que Berlaimont aurait publié une grammaire ayant pour titre Walsche Schoelmeester doit être corrigée; tout d’abord, la mention Walsche Schoelmeester figure comme apposition au nom de Noël de Berlaimont, et le travail (posthume, de 1545) dont il est question (GesRomSpr2, p. 237) est un manuel de conjugaison bilingue (français-néerlandais), attribué (par l’imprimeur Hans de Laet) à Berlaimont, mais dont ce dernier n’était pas l’auteur. Voici les données bibliographiques essentielles: Noel van Berlaimont, walsche Schoelmeester Thantwerpen, De cõiugaciẽ in Franchoys eñ in Duytsch oft in Vlaems […] Les cõiugatiõs en Franchoys et en baz Alleman ou Flameng [chez Hans de Laet van Strabroeck, 1545]. Signalons aussi que la plus ancienne édition conservée du Vocabulaire de Berlaimont est celle de 1527 (cf. Kronenberg 1918Kronenberg, Maria Elisabeth 1918 “Het Vocabulare van Noël van Berlaimont”. De Nieuwe Taalgids 12. 172–173.Google Scholar: 172; Lindemann 1994Lindemann, Margarete 1994Die französischen Wörterbücher von den Anfängen bis 1600: Entstehung und typologische Beschreibung. Tübingen: Niemeyer. DOI logoGoogle Scholar: 35; Zimont 2022Zimont, Elizaveta 2022La lexicographie bilingue français-néerlandais et néerlandais-français (1527–1656). Étude de métalexicographie historique. [Thèse de doctorat, univ. de Liège, 2 vols]Google Scholar: 88).

Dans le tableau à la p. 125, le dictionnaire de Hornkens, publié à Bruxelles (en 1599), a été rangé à tort dans la colonne des publications parues en France.

À la p. 200, une erreur s’est glissée dans le relevé des linguae minores répertoriées par Joseph Juste Scaliger dans sa Diatriba: après la mention de l’irlandais, vient celle du vieux-britannique,3232.Cf. le texte de la Diatriba [rédaction: 1599; publication: 1605 et 1610] de Scaliger: Quinta Hirlandica cuius pars, quæ hodie in usu Scotis Silvestribus. Sexta vetus Britannica, in Montibus Anglis; Item in Aremoricæ Galliæ, quam Britonnantem linguam Galli vocant. juste avant celle du cantabro-basque. On corrigera donc “Irisch, Altindisch und Kantabrisch-Baskisch” en “Irish, Altbritannisch und Kantabrisch-Baskisch”.

Enfin, à la p. 230, il faut rectifier l’attribution erronée du statut de “huguenot” à des auteurs comme Berlaimont, Meurier, Bosquet et Du Vivier.

On corrigera3333.De manière générale, je recommanderais l’utilisation de la majuscule pour les adjectifs latins désignant une langue dans le signalement bibliographique de titres d’ouvrages (par ex. lingua Gallica / Italica, …) ainsi que l’uniformisation avec c cédille pour françoys / françoyse dans le signalement de titres (même si, à cause de l’emploi de majuscules dans l’original, le frontispice porte FRANCOYS/-E). aussi quelques coquilles: p. 17 l. 22: wie ánade (seul ce dernier mot en italique); p. 25 l. 8: blanquecer, negrecer (r à mettre en italique); p. 28 n. 7: “Was klassisch-lateinisch …”; p. 42 l. 13: on doit lire “Palsgrave folgt seinen lateinischen Vorbildern nicht sklavisch”; p. 44 l. 22: Grammatica latino-gallica; p. 53 l. 14: Coseriu; p. 60 l. 15: “ò für [z]”: il doit y avoir ici une erreur de conversion de police typographique;3434.Coseriu commente ici les Dubbj grammaticali de Gian Giorgio Trissino (1529); à mon avis, le passage en question est celui où Trissino défend la distinction entre une lettre ç (majuscule Ʒ) pour un “z plus obscur” (par ex. dans zoilo), et une lettre z pour un “z plus clair” (par ex. dans zuccaro = italien moderne zucchero). p. 66: la première ligne est répétée à la l. 18; p. 69: le signe utilisé par Peletier du Mans pour [ǝ] est ɇ; p. 74: le signe pour [tʃ] chez Pedro de Madariaga est Ɔ (et non ɔ); p. 75 n. 24 lire: García Aranda; p. 99 l. 10: lire Leuven (“Löwen”) au lieu de “Leiden” [comme lieu de publication d’une des éditions de la grammaire de Pillot]; p. 108 l. 1: Tresor de la langue Françoise; p. 113 l. 5–6: Bartholomäus [ou mieux: Bartholomeus] de Grave/de Graeve [corriger aussi dans l’index, p. 288]; p. 114 l. 7: lecture Françoise; p. 114 l. 11: Elemens; p. 116 l. 19: les Fondaments de la langue Françoise de Gérard du Vivier (1574) comptent 14 feuillets numérotés (on corrigera donc “1492 Blätter”); p. 116 l. 34–35: Meurier; p. 120 n. 42: den er mich; p. 136 l. 29: Formen; p. 163 l. 5: les Gaulloys; p. 165 et p. 243: uniformiser la latinisation du nom de Ceneau: Cenalis ou Cœnalis; p. 172, l. 21: plusieurs raisons; p. 180, l. 20: singularitez; p. 181 l. 8: theutonique; p. 185 l. 28: advis; p. 191 l. 8: Aucuns; p. 192 l. 32: langues; p. 217 l. 32: fête; p. 218 l. 11: démontrer; p. 222 l. 25: Castelvetro (1563). Dans la bibliographie des sources secondaires, on corrigera [dans les sources premières], p. 237, sub Berlaimont (1536): Vorsterman, et plus loin, Brunonis Schinkelij; p. 243, sub Gutiérrez de Cerezo, lire: Gutiérrez Galindo; p. 244, sub Isidor von Sevilla: édition de 1908; p. 245, sub Libero di Pofi: La grammatica volgare trovata; p. 247, sub Meurier 1563: Pierre Keerberghen; p. 249, sub Pasquier: les Recherches de la France ont été publiées en plusieurs parties entre 1560 et 1621; p. 251, sub Rosal (1601): lengua castellana; p. 254, sub Valverde: etimologías. Dans la partie de la littérature secondaire: sub Alvar Ezquerra (1994), lire: Alvar Ezquerra, Manuel; sub Beau (1937), ajouter les guillemets après le titre, et corriger VRR en VKR (= Volkstum und Kultur der Romanen); sub Coseriu (1972), lire: Homenaje; sub Coseriu (1980), lire Gerhard Rohlfs; sub Díaz-Plaja, lire: creación del lenguaje (et ajouter: Zaragoza: Tip. Académica); sub Ernout/Meillet, lire: Ernout, Alfred/Meillet, Antoine; sub Françon (1957): du latin et du grec; sub Glatigny, lire: Swiggers/Van Hoecke; sub Hall 1939, lire: Italica 16; sub Hausman, Franz-Josef, lire: Hausmann; sub Holmes, V. T., lire: Holmes, U.T.; sub Jaberg/Jud, lire: Jaberg, Karl/Jud, Jakob; sub Katz, Barbara, lire: Kaltz, Barbara; sub Kessler-Mesguich, lire: L’hébreu; sub Kibbee, lire: Douglas; changer Núñez, Luis Pablo, en: Pablo Núñez, Luis [Pablo est le premier nom de famille; à corriger également à la p. 104]; sub Olmedo, lire: eclesiástico; sub San Vicente (2010), supprimer une fois “en la tradición”; sub Sensi (1892): filologia; sub Stengel, lire: bis zum Ausgange.

7.Conclusion

La GesRomSpr2 d’Eugenio Coseriu constitue une contribution fondamentale à l’historiographie de la linguistique de l’époque ‘pré-moderne’, et tout particulièrement à son versant “romaniste”. La richesse et solidité de l’information, l’utilisation de très nombreuses sources primaires, l’évaluation des données à partir d’une perspective de linguiste en font un précieux travail de référence pour les historiographes de la linguistique. Il convient à ce propos de féliciter et de rendre hommage à l’éditeur scientifique, Wolf Dietrich, qui non seulement a comprimé et systématisé des matériaux préparatoires, contrôlé les citations (en y ajoutant une traduction allemande, là où il y avait lieu), mais qui a également ajouté des notes, a mis à jour la bibliographie secondaire et a préparé les index.

Si la vénérable filière académique de la philologie romane – là où elle a réussi à survivre – est de plus en plus menacée par une fureur “déconstructionniste” des disciplines traditionnelles, on ne peut que souhaiter que des ouvrages comme cette Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft en quatre volumes reçoivent (encore) une juste attention dans le curriculum universitaire:3535.En vue d’une utilisation didactique plus efficace, il me semble indiqué de signaler, dans de futures rééditions, les noms des auteurs primaires les plus importants, au moment de leur première mention (du moins dans la section où ils figurent de manière centrale), par l’usage du gras. comme le montre Coseriu, le passé des études romanes est particulièrement riche en enseignements, en mises en garde, en trouvailles, et – avant tout – en matériaux à exploiter.3636.Je tiens à remercier Carmen Quijada (université de Salamanque), Elizaveta Zimont (université de Reims), ainsi que Jan De Clercq et Nico Lioce (KU Leuven) pour des échanges de vues. Ce texte est dédié à la mémoire de José Jesús (‘Pepe’) Gómez Asencio (1953‒2022).

Financement

Open Access publication de cet article a été financée par un Transformative Agreement avec KU Leuven.

Remarques

*A l’occasion de: Coseriu, Eugenio, Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft. Band 2: Von Nebrija (1492) bis Celso Cittadini (1601): Die Epoche des Humanismus. Bearbeitet und herausgegeben von Wolf Dietrich. Tübingen: Narr Francke Attempto Verlag, 2020. Pp. 293. ISBN 978-3-8233-4642-5. € 68,00.
1.Les volumes 3 et 4 sont consacrés à l’évolution de la linguistique romane aux XVIIe et XVIIIe siècles; le volume 3 (paru en 2022; un compte rendu sera publié ultérieurement dans HL) est consacré aux études de phonétique, de grammaire et d’histoire de la langue; le volume 4 sera consacré à la lexicologie, à la dialectologie et à la linguistique historique.
2.Wolf Dietrich a bien circonscrit son travail d’édition: “Der Text beruht auf den Seiten 102‒541 des im Tübinger Coseriu-Archiv aufbewahrten Manuskripts, die etwa dem Format DIN A5 entsprechen und penibel durchnummeriert sind. Teilweise hilfreich für meine Bearbeitung waren auch zwischen 2006 und 2011 erfolgte Transliterationen von Rebecca Krüger, die ich ebenfalls herangezogen habe. Sie erleichterten manches Mal die an einigen Stellen schwierige Entzifferung der – im Allgemeinen gut lesbaren – Handschrift Coserius. Freilich mussten auch Fehler korrigiert werden. Insgesamt habe ich den Text der Vorlesungsvorschrift, der oft gut ausformuliert, oft aber auch im Telegrammstil gehalten ist, ergänzt, geglättet, sehr selten gekürzt, und mit den notwendigen Verweisen versehen. Um die Authentizität des Originaltextes mit seinem oft eigenwilligen Duktus möglichst zu erhalten, habe ich längere mir notwendig erscheinende eigene Ergänzungen in eckige Klammern gesetzt. Alle Fußnoten sind von mir hinzugefügt. Sie enthalten oft ergänzende Informationen für das Lesepublikum, das sie, wenn ihr Inhalt bekannt sein sollte, natürlich auch gern überlesen kann” (GesRomSpr2, p. 10‒11).
3.La “préhistoire” de la linguistique romane avait été traitée également, de façon moins détaillée, dans les aperçus de Gröber (1888)Gröber, Gustav 1888 “Geschichte der romanischen Philologie”. Gröber (dir.) 1888 3–139. [Version révisée dans Gröber dir. 1904. 1–185] DOI logoGoogle Scholar, Tagliavini (1949Tagliavini, Carlo 19726. Le origini delle lingue neolatine. Introduzione alla filologia romanza. Bologna: Pàtron [19491]Google Scholar, sixième éd. 1972), Vitale (1955)Vitale, Maurizio 1955 “Sommario elementare di una storia degli studi linguistici romanzi”. Viscardi et al. 1955 5–169.Google Scholar et Bossong (1990)Bossong, Georg 1990Sprachwissenschaft und Sprachphilosophie in der Romania. Von den Anfängen bis August Wilhelm Schlegel. Tübingen: G. Narr.Google Scholar; on se reportera aussi aux articles contenus dans deux recueils collectifs: Niederehe & Haarmann (éds 1976)Niederehe, Hans-Josef & Harald Haarmann dir. 1976In Memoriam Friedrich Diez. Akten des Kolloquiums zur Wissenschaftsgeschichte der Romanistik. Amsterdam & Philadelphia: J. Benjamins.Google Scholar; Niederehe & Schlieben-Lange (éds 1987)Niederehe, Hans-Josef & Brigitte Schlieben-Lange dir. 1987Die Frühgeschichte der romanischen Philologie: von Dante bis Diez. Tübingen: G. Narr.Google Scholar.
4.Le lecteur non ou moins familier avec la théorie linguistique de Coseriu pourra s’informer utilement par la lecture de Willems (2003)Willems, Klaas 2003 “Eugenio Coseriu (1921–2002). Versuch einer Würdigung”. Leuvense Bijdragen 92.1–25.Google Scholar et de l’introduction dans Willems & Munteanu (dir. 2021)Willems, Klaas & Cristinel Munteanu dir. 2021Eugenio Coseriu: Past, Present and Future. Berlin & Boston: de Gruyter. DOI logoGoogle Scholar.
5.Cf. ce qu’écrit Wolf Dietrich: “Die Darstellung der Geschichte der romanischen Sprachwissenschaft im Zeitalter des Humanismus lebt zu einem ganz großen Teil von der direkten Lektüre der Autoren. Daher sind unzählige Zitate eingefügt, nach Coserius damaligem Selbstverständnis von Romanistik alle in der Originalsprache, Lateinisch, Französisch, Spanisch, Portugiesisch oder Italienisch. Ich habe die lateinischen und romanischen Zitate der Autoren des 16. Jahrhunderts für heutige Leser übersetzt, weil Lateinkenntnisse heute nicht mehr vorausgesetzt werden können und die romanischen Sprachen in ihrer frühneuzeitlichen Form auch für Kenner der heutigen Sprachen nicht immer leicht verständlich sind. In Coserius Intention sollten sie nicht nur die damaligen Autoren lebendig machen, sondern eben auch zur vollständigeren Kenntnis der jeweiligen romanischen Sprachen und ihrer historischen Graphien beitragen” (GesRomSpr2, p. 11).
6.Ce qui constitue un atout particulier de l’approche ‘historico-linguistique’ de Coseriu est le fait qu’il s’intéresse à ce que les anciens textes grammaticographiques et orthographiques nous apprennent à propos de la grammaire historique des langues décrites. Ainsi, dans le cas de l’espagnol, Coseriu exploite les textes primaires pour étudier: (a) le statut de l’aspiration [h], (b) l’évolution respective de [b] et [v], qui fusionnent en [ß]; (c) le statut des sibilantes: [ʃ], [ʒ], [ś] et [s]. Dans le cas de l’italien et du français, les textes primaires sont exploités pour étudier entre autres la distinction entre [e] et [ɛ], [o] et [ɔ]; et dans le cas du portugais, les textes nous renseignent parfois sur la prononciation des sibilantes et sur la métaphonie vocalique.
7.Nous entendons “style” ici au sens défini par Granger (1988)Granger, Gilles-Gaston 1988Essai d’une philosophie du style. Paris: Jacob.Google Scholar.
8.p. 13: traits typiques de l’approche linguistique à la Renaissance; p. 144: orientations idéologiques quant à l’histoire de la langue (nationale); p. 205: conceptions distinctes de l’étymologie; p. 215: conditions épistémologiques de la grammaire historique; p. 226: les principes adoptés par Castelvetro.
9.Listes d’auteurs et/ou d’ouvrages; listes de contenus d’ouvrages; cf. pp. 16, 38, 52, 78, 100, 103‒104 et voir les listes d’ouvrages lexicographiques publiés en Italie (p. 105), en Espagne (p. 106) et en France (pp. 107‒108).
10.La bibliographie des sources premières occupe les pp. 235‒255, celle de la littérature secondaire les pp. 256‒271. Il y a trois index: un index des notions (273‒280), un index des mots cités dans les diverses langues romanes (281‒286), et un index des noms (287‒291). La Zeittafel, regroupant les auteurs étudiés d’après les pays où ils ont été actifs, occupe les pp. 292‒293. La littérature secondaire réunie par Coseriu (et Dietrich) est considérable; le lecteur qui voudra la compléter pourra se reporter, entre autres, à la bibliographie dans Swiggers & Van Hoecke (dir. 1989)Swiggers, Pierre & Willy Van Hoecke dir. 1989La langue française au XVIe siècle: usage, enseignement et approches descriptives. Leuven & Paris: Leuven University Press & Peeters.Google Scholar, et dans Swiggers (2001 2001 “La philologie romane de Dante à Raynouard: Linguistique et grammaticographie romanes”. Lexikon der romanistischen Linguistik dir. par G. Holtus, M. Metzeltin & Ch. Schmitt, Band I, 1, 36–121. Tübingen: Niemeyer.Google Scholar, 2007a 2007a “L‘analyse grammaticale et didactico-linguistique du français, du Moyen Âge au 19e siècle. Jalons de l’histoire du français comme objet de description et d’enseignement”. Sprachtheorien der Neuzeit III/2: Sprachbeschreibung und Unterricht, Teil 2 dir. par P. Schmitter, 559–645. Tübingen: Narr.Google Scholar,b 2007b “L‘institution du français. Jalons de l’histoire de son enseignement”. Sprachtheorien der Neuzeit III/2: Sprachbeschreibung und Unterricht, Teil 2 dir. par P. Schmitter, 646–721. Tübingen: Narr.Google Scholar). Signalons ici quelques ouvrages qui auraient pu figurer dans la bibliographie de GesRomSpr2: Buescu (1978Buescu, Maria Leonor Carvalhão 1978Historiografia da língua portuguesa, século XVI. Lisboa: Instituto de Cultura portuguesa.Google Scholar, 1984 1984Gramáticos portugueses do século XVI. Lisboa: Libraria Sùa da Costa.Google Scholar); Chevalier (1968)Chevalier, Jean-Claude 1968Histoire de la syntaxe. Naissance de la notion de complément dans la grammaire française (1530–1750). Genève: Droz. [Nouvelle édition, Paris: Champion 2006]Google Scholar; Droixhe (1978)Droixhe, Daniel 1978La linguistique et l’appel de l’histoire (1600–1800). Rationalisme et révolutions positivistes. Genève: Droz.Google Scholar; Lope Blanch (1994)Lope Blanch, Juan M. 1994Nebrija cinco siglos después. México: Univ. Nacional Autónoma de México.Google Scholar; Padley (1988)Padley, George A. 1988Grammatical Theory in Western Europe 1500–1700. Vol. 3: Trends in Vernacular Grammar. Cambridge: Cambridge University Press.Google Scholar; Ramajo Caño (1987)Ramajo Caño, Antonio 1987Las gramáticas de la lengua castellana desde Nebrija a Correas. Salamanca: Ed. Universidad de Salamanca.Google Scholar; Rico (1978)Rico, Francisco 1978Nebrija frente a los bárbaros. Salamanca: Ed. Universidad de Salamanca.Google Scholar et Schröder (dir. 1992)Schröder, Konrad dir. 1992Fremdsprachenunterricht 1500–1800. Wiesbaden: Harrassowitz.Google Scholar. Parmi les ouvrages fondamentaux parus depuis le décès de Coseriu, signalons l’histoire de la grammaticographie castillane en trois volumes (Gómez Asencio dir. 2006 dir. 2006El castellano y su codificación gramatical. Vol. I: De 1492 (A. de Nebrija) a 1611 (John Sanford). Burgos & Salamanca: Fundación Instituto castellano de la lengua.Google Scholar, 2008 dir. 2008El castellano y su codificación gramatical. Vol. II: De 1614 (B. Jiménez Patón) a 1697 (F. Sobrino). Burgos & Salamanca: Fundación Instituto castellano de la lengua.Google Scholar, 2011 dir. 2011El castellano y su codificación gramatical. Vol. III: De 1700 a 1835. Burgos & Salamanca: Fundación Instituto castellano de la lengua.Google Scholar).
11.Elio Antonio de Lebrija (son village natal en Andalousie), de son vrai nom Antonio Martínez de Cala y Xaranda, est le plus souvent désigné comme “Nebrija”; lui-même a utilisé en latin le terme déonomastique Nebrissensis. Les historiographes modernes utilisent soit Nebrija, soit Lebrija (pour un plaidoyer en faveur de la première désignation, voir Álvarez de Miranda 2022Álvarez de Miranda, Pedro 2022 “Nebrija”. El Mundo, 15/7/2022 [rubrique: “La lectura”].Google Scholar). La littérature sur la vie et l’œuvre (très variée) de Nebrija est abondante (voir Esparza Torres & Niederehe 1999Esparza Torres, Miguel Ángel & Hans-Josef Niederehe 1999Bibliografía Nebrisense: Las obras completas del humanista Antonio de Nebrija desde 1481 hasta nuestros días. Amsterdam & Philadelphia: John Benjamins. DOI logoGoogle Scholar); pour une biographie et une bibliographie récentes, voir Martín Baños (2019Martín Baños, Pedro 2019La pasión de saber. Vida de Antonio Nebrija. Huelva: Univ. de Huelva.Google Scholar et 2022 2022Antonio de Nebrija V Centenario (1522–2022). Vol. I: Nueva caracola del bibliófilo Nebrisense. Repertorio bibliográfico de la obra impresa y manuscrita de Antonio de Nebrija (siglos XV-XVI). Salamanca: Ed. Universidad de Salamanca.Google Scholar). Pour une judicieuse introduction à l’œuvre grammaticale de Nebrija, voir Gómez Asencio (2006Gómez Asencio, José Jesús 2006Nebrija vive. Alcalá de Henares: Fundación Antonio de Nebrija. [Deuxième éd. révisée, sous le titre Nebrija vive 500 años después, 2022]Google Scholar, rééd. 2022). Le 5e centenaire de la mort de Nebrija a donné lieu à la publication d’un volume sur l’œuvre grammaticale de Nebrija dans son contexte européen: Gómez Asencio & Quijada Van den Berghe (dir. 2022)Gómez Asencio, José Jesús & Carmen Quijada Van den Berghe dir. 2022Antonio de Lebrixa ‘grammatico’ en su medio milenio. Salamanca: Ed. Universidad de Salamanca. DOI logoGoogle Scholar. — Signalons encore que nous ne fournirons les dates de naissance et de décès que pour les auteurs qui reçoivent une place importante dans GesRomSpr2 (l’ouvrage ne fournit pas ces dates); pour les autres, le lecteur pourra se reporter en général à Koerner (2008)Koerner, Ernst F. Konrad 2008Universal Index of Biographical Names in the Language Sciences. Amsterdam & Philadelphia: J. Benjamins. DOI logoGoogle Scholar.
12.Avant Nebrija, la tradition médiévale manuscrite comprend, pour la Romania, (a) des grammaires de l’ancien occitan (Ramon Vidal, Razos de trobar, ca. 1200; Uc Faidit, Donatz proensals, ca. 1225; les Leys d’Amors, composés entre 1330 et 1360 pour et par le Consistoire de Toulouse); (b) une grammaire du moyen français (Donait françois, vers 1400); (c) une grammaire de l’italien rédigée par Leon Battista Alberti (Grammatichetta [vaticana], texte composé vers 1450).
13.Le travail de Coseriu complète et approfondit l’ouvrage ancien de Kukenheim (1932)Kukenheim, Louis 1932Contributions à l’histoire de la grammaire italienne, espagnole et française à l’époque de la Renaissance. Amsterdam: Noord-Hollandsche Uitgeversmaatschappij.Google Scholar, qui s’intéresse avant tout à la description morphosyntaxique dans les grammaires françaises, italiennes et espagnoles de la Renaissance.
14.Et tout particulièrement les habitants des terres qui seront colonisées par les Espagnols. La caraque Santa Maria de Christophe Colomb (parti le 3 août 1492 pour trouver une nouvelle route commerciale aux Indes) amarre le 12 octobre 1492 à l’île Guanahani (= les actuelles Bahamas). La Gramática [sobre la lengua] castellana (pour le titre, cf. Gómez Asencio 2006Gómez Asencio, José Jesús 2006Nebrija vive. Alcalá de Henares: Fundación Antonio de Nebrija. [Deuxième éd. révisée, sous le titre Nebrija vive 500 años después, 2022]Google Scholar, rééd. 2022) de Nebrija parut le 18 août 1492 à Salamanque.
15.Voir e.a. l’étude de Hassler (1993)Hassler, Gerda 1993 “Die Gramática de la lengua castellana von Nebrija als Bezugspunkt späterer Grammatiken”. Akten des Deutschen Hispanistentages Göttingen (28.2.-3.3. 1991) dir. par Ch. Strosetzki, 104–122. Frankfurt am Main: Vervuert. DOI logoGoogle Scholar.
16.Sur l’histoire des parties du discours dans la grammaticographie (surtout européenne), voir Colombat & Lahaussois (dir. 2019)Colombat, Bernard & Aimée Lahaussois dir. 2019Histoire des parties du discours. Leuven & Paris – Bristol (CT): Peeters. DOI logoGoogle Scholar.
17.On notera qu’à Petrus Ramus/Pierre de la Ramée échoit une place de moindre importance; Ramus est pourtant une figure intéressante, tant par son apport en matière d’orthographe (l’introduction des lettres dites ramistes: i/j et u/v), de grammaire (distinction des parties du discours à partir d’accidents à valeur binaire: ± nombre, ± variation (droite/oblique), ± personne), et d’histoire de la langue (défense de l’origine “gauloise” du français). Sur ce dernier point, voir d’ailleurs GesRomSpr2, p. 161‒163.
18.Certains de ces maîtres enseignaient d’ailleurs plusieurs langues vernaculaires romanes (dans le cas de Gabriel Meurier: français, espagnol et italien); cf. la description bibliographique de sa production dans De Clercq (1997)De Clercq, Jan 1997 “Gabriel Meurier, een XVIe-eeuws pedagoog en grammaticus in Antwerpen”. Meesterwerk: Berichten van het Peeter Heynsgenootschap 10.29–46.Google Scholar.
19.Voir à ce propos le volumineux recueil édité par Béhar, Blanco et Hafner (dir. 2018Béhar, Roland, Mercedes Blanco & Jochen Hafner dir. 2018Villes à la croisée des langues (XVIe-XVIIe siècles): Anvers, Hambourg, Milan, Naples et Palerme / Städte im Schnittpunkt der Sprachen (16.-17. Jahrhundert): Antwerpen, Hamburg, Mailand, Neapel und Palermo. Genève: Droz.Google Scholar).
20.Sur les rééditions, adaptations et transformations de l’ouvrage de Berlaimont, voir Verdeyen (1925‒35)Verdeyen, René 1925–35Colloquia et Dictionariolum septem linguarum gedrukt door Fickaert te Antwerpen in 1616. Antwerpen: Nederlandsche Boekhandel; ’s Gravenhage: Nijhoff. (3 vols)Google Scholar, Pablo Núñez (2010Pablo Núñez, Luis 2010El arte de las palabras. Diccionarios e imprenta en el Siglo de Oro. Mérida: Ed. Regional de Extremadura. (2 vols)Google Scholar, avec répertoire des éditions) et Zimont (2022Zimont, Elizaveta 2022La lexicographie bilingue français-néerlandais et néerlandais-français (1527–1656). Étude de métalexicographie historique. [Thèse de doctorat, univ. de Liège, 2 vols]Google Scholar: vol. 1, 88‒91, vol. 2, 308‒312).
21.Mais certains grammairiens italiens, comme Gian Giorgio Trissino, Claudio Tolomei, Lodovico Dolce et Lionardo Salviati sont également attentifs à des faits de phonétique.
22.J. D. Rhoesus, De Italica pronunciatione et orthographia libellus (Patavii [Padoue], 1569); cf. De Clercq & Swiggers (1996)De Clercq, Jan & Pierre Swiggers 1996 “Le De Italica Pronunciatione et Orthographia Libellus (1569) de John David Rhys”. Italia ed Europa nella linguistica del Rinascimento. Confronti e relazioni dir. par M. Tavoni, vol. II, 147–161. Modena: Franco Cosimo Panini.Google Scholar.
23.Duarte Nunes de Leão est l’auteur de deux traités (Orthographia da lingua portuguesa, 1576; Origem da lingoa portuguesa, 1606); le premier est analysé dans GesRomSpr2, le second sera examiné dans GesRomSpr3.
24.Pour un utile panorama et une anthologie de textes, voir les deux tomes de Caravolas (1994)Caravolas, Jean-Antoine 1994La didactique des langues. T. 1: Précis d’histoire, I: 1450–1700; T. 2: Anthologie I: À l’ombre de Quintilien. Tübingen: G. Narr; Montréal: Presses de l’Univ. de Montréal. (2 vols)Google Scholar. Signalons qu’il existe pour l’étude de l’histoire de l’enseignement du français une Société pour l’Histoire du français langue étrangère ou seconde (SIHFLES), qui publie, depuis 1988, une revue, Documents. Accès aux fascicules numérisés: http://​www​.sihfles​.org​/la​-revue​-documents​/acces​-aux​-numeros. Sur l’enseignement de l’espagnol au XVIe siècle, voir Swiggers, Gómez Asencio & Quijada (2021)Swiggers, Pierre, José Jesús Gómez Asencio, & Carmen Quijada Van den Berghe 2021 “Spanish Grammaticography and the Teaching of Spanish in the Sixteenth Century”. The History of Grammar in Foreign Language Teaching dir. par S. Coffey, 77–95. Amsterdam: Amsterdam University Press.Google Scholar.
25.À savoir: (a) l’étymologie comme veriloquium, recherche du ‘véritable sens originel’; (b) l’étymologie-origine, recherche du mot-source (“l’étymon”); (c) l’étymologie-histoire des mots, examen de l’évolution formelle et sémantique d’un mot. Voir à ce propos l’article fondateur de Baldinger (1959)Baldinger, Kurt 1959 “L’étymologie hier et aujourd’hui”. Cahiers de l’Association internationale des études françaises 11.233–264. DOI logoGoogle Scholar, Pfister (1980)Pfister, Max 1980Einführung in die romanische Etymologie. Darmstadt: Wissenschaftliche Buchgesellschaft.Google Scholar et diverses contributions dans Chambon & Lüdi (dir. 1991)Chambon, Jean-Pierre & Georges Lüdi dir. 1991Discours étymologiques. Tübingen: Niemeyer.Google Scholar.
26.Coseriu le montre très nettement dans le cas d’auteurs français comme Geoffroy Tory, Henri Estienne et Claude Fauchet. Les nombreuses citations extraites des textes-sources témoignent du manque de clarté et de rigueur chez les auteurs du XVIe siècle.
27.Coseriu s’appuie sur le travail de Gerighausen (1963)Gerighausen, Josef 1963Der historische Deutung der Nationalsprache im französischen Schrifttum des 16. Jahrhunderts. [Thèse, univ. de Bonn]Google Scholar, dont il condense et systématise le contenu.
28.C’est le groupe qui, à l’avis de Coseriu, est le “plus intéressant” (GesRomSpr2, p. 184), parce que les auteurs en question affrontent la problématique de manière correcte et proposent, non des convictions, mais des arguments solides. L’analyse des conceptions des auteurs de ce troisième (sous-)groupe occupe environ un quart (GesRomSpr2, p. 184‒200) du chapitre 4.
29.Le critère de la nationalité (ou de la langue maternelle) des auteurs peut être croisé avec celui du lieu de composition/de publication d’un ouvrage. C’est ce que fait Coseriu (GesRomSpr2, p. 78) quand il distingue (a) les descriptions de langues romanes publiées dans les pays où elles sont la langue nationale; (b) les descriptions de langues romanes publiées en territoire non roman (Angleterre; Flandre; “Allemagne” [= les régions du Saint-Empire romain germanique]); (c) les descriptions de langues romanes publiées dans des pays romans où elles ne sont pas la langue nationale (par ex. descriptions de l’espagnol publiées en Italie ou en France). Cette distinction (qui n’est pas sans problèmes, vu la difficulté de ce qu’il faut entendre, au XVIe siècle, par “nation” et “langue nationale”) n’est toutefois pas adoptée de manière stricte dans la suite de l’ouvrage.
30.Coseriu (GesRomSpr2, p. 128) le reconnaît d’ailleurs quand il range toutes les approches diachroniques sous “perspectives historiques”; dans l’exposé qui suit, il opère une séparation.
31.À propos du genre textuel ‘histoire de la langue’, voir le travail magistral de Vàrvaro (1972‒73)Vàrvaro, Alberto 1972–73 “Storia della lingua: passato e prospettive di una categoria controversa”. Romance Philology 26.16–51, 509–531.Google Scholar.
32.Cf. le texte de la Diatriba [rédaction: 1599; publication: 1605 et 1610] de Scaliger: Quinta Hirlandica cuius pars, quæ hodie in usu Scotis Silvestribus. Sexta vetus Britannica, in Montibus Anglis; Item in Aremoricæ Galliæ, quam Britonnantem linguam Galli vocant.
33.De manière générale, je recommanderais l’utilisation de la majuscule pour les adjectifs latins désignant une langue dans le signalement bibliographique de titres d’ouvrages (par ex. lingua Gallica / Italica, …) ainsi que l’uniformisation avec c cédille pour françoys / françoyse dans le signalement de titres (même si, à cause de l’emploi de majuscules dans l’original, le frontispice porte FRANCOYS/-E).
34.Coseriu commente ici les Dubbj grammaticali de Gian Giorgio Trissino (1529); à mon avis, le passage en question est celui où Trissino défend la distinction entre une lettre ç (majuscule Ʒ) pour un “z plus obscur” (par ex. dans zoilo), et une lettre z pour un “z plus clair” (par ex. dans zuccaro = italien moderne zucchero).
35.En vue d’une utilisation didactique plus efficace, il me semble indiqué de signaler, dans de futures rééditions, les noms des auteurs primaires les plus importants, au moment de leur première mention (du moins dans la section où ils figurent de manière centrale), par l’usage du gras.
36.Je tiens à remercier Carmen Quijada (université de Salamanque), Elizaveta Zimont (université de Reims), ainsi que Jan De Clercq et Nico Lioce (KU Leuven) pour des échanges de vues. Ce texte est dédié à la mémoire de José Jesús (‘Pepe’) Gómez Asencio (1953‒2022).

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Adresse de correspondance

Pierre Swiggers

CoHistAL & Centre international de Dialectologie générale

Fac. de Lettres

KU Leuven

Blijde Inkomststraat 21 pb 3308

Leuven B-3000

Belgium

[email protected]