On se propose d’évoquer ici un aspect du curieux destin du Cours de linguistique générale. Censée contenir le germe de développements multiformes identifiés sous le nom de saussurisme et de structuralisme, l’þuvre du savant genevois apparaît plutôt comme un catalyseur culturel de grande ampleur. On a projeté sur elle, pour un temps au moins, de grands espoirs et des aspirations souvent contradictoires. Si l’on ne prend pas à la lettre ces tentatives et prétentions souvent exorbitantes, il reste que l’imbroglio linguistico-philosophique des années 60–70, noué momentanément autour d’elle, fournit, à travers les références à Saussure, une trame historique complexe dont la pensée saussurienne est à la fois absente et omniprésente. C’est dire l’importance de la connaissance des sources pour une histoire différenciée du structuralisme et du saussurisme qui reste à faire.