Approche génétique en traduction [Genetic translation studies]

Anthony Cordingley
Université Paris 8 | KU Leuven
Table des matières

L’approche génétique en traduction recourt à la méthodologie de la critique génétique franco-belge utilisée pour étudier les brouillons, les manuscrits, les notes, les épreuves corrigées des traducteurs – les avant-textes d’une traduction – afin de discerner les processus qui ont façonné l’écriture de la traduction. La critique génétique a été appliquée pour la première fois aux textes traduits dans les années 1990, lorsque des chercheurs de l’Institut des Textes et Manuscrits Modernes (ITEM) à Paris ont publié leurs recherches sur les articles de Paul Valéry touchant la traduction, sous le titre Génétique & Traduction (Bourjea 1995). Grâce à Scott (2006), une discussion théorique a pris place autour de questions qui ont elles-mêmes gagné en reconnaissance, en particulier avec les numéros spéciaux de Genesis (Durand-Bogaert 2014a) et de Linguistica Antverpiensia (Cordingley et Montini (2015a). Au même moment, mais dans d’autres milieux de la traductologie, on réfléchissait sur l’utilisation des archives (par ex. Munday 2013, 2014; Mitchell 2014). Cordingley et Montini (2015b) ont proposé alors que ces recherches soient identifiées comme parties prenantes d’une « traductologie génétique » (Genetic Translation Studies/GTS) pour la distinguer d’autres approches, telles que les approches cognitive*, descriptive*, sociologique* ou basées sur des corpus*. Si la GTS s’appuie parfois sur une ou plusieurs de ces approches, n’empêche elle se définit par l’étude systématique des phases successives d’une traduction à travers les traces documentées du travail du traducteur, jusqu’à son aboutissement. La GTS analyse les avant-textes pour déterminer les différents processus et stratégies d’écriture engagés par le(s) traducteur(s) ; elle évalue les facteurs qui inhibent ou facilitent l’autonomie et la créativité des traducteurs, y compris les influences externes, telles que les auteurs, les collaborateurs, les éditeurs, les réviseurs, les lecteurs, qui peuvent modifier le texte du traducteur, souvent dans une série de révisions au cours de la phase de production de ce texte. Cette recherche porte également sur l’évolution du texte dans sa phase post-production (post-texte), qui comprend les révisions et les rééditions d’une traduction publiée et même son rôle de source dans une retraduction. Il y a reconnaissance qu’à chaque étape, la rédaction de la traduction est façonnée par des considérations sur la fonction de la traduction dans la culture cible, ainsi que sur sa relation avec le texte source. Plus récemment, les recherches en GTS ont exploré les archives de traduction avec leurs propres dynamiques politiques et esthétiques (voir Cordingley et Hersant 2021).

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Références

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Lectures complémentaires

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