Les pseudo-traductions, soit les textes qui ressemblent à des traductions, ont renvoyé à différents phénomènes au fil des décennies. Elles sont généralement définies comme « des textes ayant été présentés comme des traductions sans que des textes sources correspondants aient existé dans d’autres langues; par conséquent, il n’y a pas d’“opération de transfert” qui s’effectue, et donc pas de relation de traduction » (Toury 1995 : 40 – notre traduction). Cette définition de Toury suit le raisonnement d’Anton Popovič : celui-ci inclut, dans la taxonomie des types de traductions qu’il a établie en 1976, la « traduction fictive » (fictitious translation) (1976 : 20). Il précise qu’un auteur « publie une œuvre originale comme une traduction fictive afin d’attirer un large public, donc en se servant des attentes des lecteurs » (notre traduction). Inévitablement, les pseudo-traductions en disent plus sur les conventions de la culture cible que sur celles de la culture source putative, qui ont été falsifiées, imitées ou pastichées. C’est pour cette raison, ainsi que pour les questions qu’elles suscitent sur la perméabilité des systèmes, que les pseudo-traductions sont un objet d’étude de choix des recherches basées sur la traductologie descriptive ou sur la théorie du polysystème. En effet, elles renseignent les chercheurs « sur les notions partagées par les membres d’une communauté, non seulement en ce qui a trait au statut des textes traduits, mais également à leurs caractéristiques les plus évidentes » (Toury 1995 : 46 – notre traduction).