Autotraduction [Self-translation Self-translation]
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Selon Popovič, l’autotraduction se définit sommairement comme « la traduction d’un ouvrage original dans une autre langue par l’auteur » [the translation of an original work into another language by the author himself] (1976 : 19, notre traduction). Celui-ci précise également que l’autotraduction « ne peut pas être considérée comme une variante du texte original, mais comme une véritable traduction » [cannot be regarded as a variant of the original text but as a true translation] (1976 : 19, notre traduction). Au cours des dernières décennies, la plupart des études portant sur l’autotraduction n’ont pas donné à cette pratique une définition aussi positive. Koller établit d’ailleurs une distinction entre ce qu’il considère comme une « autotraduction » et une « véritable » traduction parce que la question de la fidélité ne peut pas être prise en compte de la même façon dans les deux cas étant donné que « l’auteur-traducteur se sent justifié d’apporter des modifications au texte, alors que le traducteur “ordinaire” peut hésiter à faire de même » [as the author-translator will feel justified in introducing changes into the text where an “ordinary” translator might hesitate to do so] (Koller 1979/1992 : 197). Évidemment, le concept de fidélité est aujourd’hui moins central qu’auparavant en traduction et peut difficilement s’appliquer à l’autotraduction. Koller prétend que la différence entre traduction et autotraduction est une question d’autorité. Le dramaturge Goldoni, (1707-1793), qui écrivait en italien et en français et pratiquait l’autotraduction, affirme à ce propos : « J’avais toutefois un avantage à ce sujet sur les autres : un simple traducteur n’aurait pas osé, même devant une difficulté, s’éloigner du sens littéral; mais moi, en tant qu’auteur de mon œuvre, j’étais en mesure de changer des mots afin de mieux me conformer aux goûts et coutumes de mon pays » [I nevertheless had an advantage in this regard over others: a mere translator would not have dared, even in the face of difficulty, to sidestep the literal sense; but I, as the author of my own work, was able to change words, the better to conform to the taste and customs of my nation.] (Goldoni 1993 : 722, notre traduction). Partant de la différence d’autorité de l’auteur entre la traduction et l’autotraduction, Jung insiste sur un avantage de taille qu’ont les autotraducteurs par rapport au texte « original » : « La principale différence entre les traducteurs ordinaires et les autotraducteurs, […] c’est que les autotraducteurs ont davantage que les traducteurs ordinaires accès à leur intention originale et au contexte culturel d’origine, ou à l’intertextualité littéraire de leur ouvrage original » [The main difference between ordinary translators and self-translators […] is the fact that self-translators can access their original intention and the original cultural context or literary intertext of their original work better than ordinary translators.] (Jung 2002 : 30, notre traduction).