Le livre de poésie
C’est quand l’homme parle
(2007), de Jean de Breyne, poète français contemporain, condense d´une manière singulière la sonorité, l´oralité et les sensations.
La sonorité, étroitement liée à l´oralité, se manifeste tant au niveau superficiel ‒ dans le choix de certains vocables et de leur agencement au niveau syntaxique, qu´au niveau profond, sous-jacent, dans ce qui reste non-dit, tu.
L´oralité de la poésie de Jean de Breyne transparaît dans le je et le présent, dans l´hésitation, voire l’auto-correction de son propos, dans l´ellipse, dans la parole suspendue, dans la polyphonie, dans la fréquente bifurcation de ses propos, mais surtout dans le souffle, qui détermine le rythme de son discours poétique.
Les sensations que l´énonciateur “présentifie” dans ses vers sont multiples : la vue a une nette prépondérance ‒ ce qui est compréhensible si l´on tient présent le fait que Jean de Breyne fait cohabiter dans sa personne la vocation lyrique avec celle de photographe et celle de critique d´art ‒ mais les autres sens n´en sont nullement exclus. Tenant compte de tous ces éléments, je me propose d´analyser la traduction croate dudit livre de poésie, effectuée par Martina Kramer et moi-même en 2013, en m´appuyant notamment sur des réflexions d´Henri Meschonnic (
1970,
1999),
d´Antoine Berman (1984,
1999) ainsi que de
Jean-Luc Nancy (2001).