SOMMAIRE
Problème de l'interprétation des traités rédigés en plusieurs langues
Quand il existe dans un état une pluralité linguistique, le problème linguistique ne se pose pas seulement sur le plan national, mais aussi à l'échelle internationale. Sur ce dernier point, il faut prendre en considération le rôle du traducteur, car les négociateurs d'un traité utilisent parfois des langues diverses, une fois ce traité conclu et soumis aux parlements nationaux pour sa ratification, les parlementaires devront se méfier des traducteurs. S'il existe une contradiction, le traité devra être interprété.
La négociation aboutit normalement à la rédaction d'un texte écrit. En ce qui concerne les traités bilatéraux, le latin au XVIIIe siècle ayant disparu, en excluant le fait que les états puissent employer la même langue, les modalités sont variables. Ou bien on utilise la langue officielle commune à toutes les parties ou la langue officielle de l'une des parties ou une troisième langue, étrangère à celles-ci.
Mais quand les traités sont rédigés en plusieurs langues, ou bien on considère la prééminence d'une seule version ou on considère que tous les textes font également foi, c'est le traité lui-même qui doit spécifier quelle version linguistique fait foi mais, s'il ne le fait pas, tous les traités sont considérés comme des textes faisant foi, d'après la Convention de Vienne sur le droit des traités du 23 mai 1969. C'est pour cela qu'il est important de voir la différence entre "texte authentique" et "texte faisant foi." Le texte d'un traité est rendu authentique par la signature des plénipotentiaires des états soit sur le traité soit sur l'Acte Final de la Conférence qui conclut le texte. Par contre, seule la langue du texte mentionnée dans le traité fait foi, et les traductions officielles servent uniquement à faciliter l'application du traité.
Les traités multilatéraux authentifiés en plusieurs langues peuvent présenter des problèmes d'interprétation, bien qu'ils soient aujourd'hui les plus fréquents. L'article 33 de la Convention de Vienne, qui est consacré à l'interprétation des traités authentifiés en deux ou plusieurs langues, est ainsi conçu: les termes d'un traité sont présumés avoir le même sens dans les divers textes authentiques. Dans le cas où la comparaison des textes authentiques d'un même traité ferait apparaître une différence de sens que l'application des articles 31 et 32 ne permettrait pas d'élimer, on adoptera le sens qui, compte tenu de l'objet et du but du traité, concilie le mieux ces textes.
Selon les articles 31 et 32, un traité doit être interprété de bonne foi, suivant le sens ordinaire à attribuer aux termes de traité, compte tenu de son objet et du but visé. Mais on peut aussi considérer comme des moyens complémentaires d'interprétation, les circonstances ou les règles en vigueur à l'époque de la conclusion du traité, ou les travaux préparatoires.
Finalement, quand on ne peut pas surmonter les difficultés d'interprétation, l'article 33-4 fixe qu'on adoptera le sens qui "compte tenu de l'objet et du but du traité, concilie le mieux les textes." Chercher le sens qui concilie le mieux les textes du traité implique donc une notion relative, une conciliation qui soit le meilleure possible, et aujourd'hui, cela se révèle difficile. C'est l'organe appelé à résoudre les conflits d'interprétation à ce moment-là qui devra préciser et déterminer la teneur du traité.
RESUMO
La problème* pri la interpretado de multlingvaj traktatoj, laŭ la internacia juro
En la jura interpretado, la lingva problemo aperas ne nur naciskale, kiam en ŝtato ekzistas pluraj oficialaj lingvoj, sed en la internacia kampo. En ĉi tiu lasta, ni devas konsideri la gravan rolon kiun ludas la tradukistoj, ĉar la intertraktantoj uzas ofte malsimilajn lingvojn kaj poste la naciaj parlamentanoj devas labori per traduko por ratifi la tekston. Se aperas problemo pri la signifo de la vortoj, la traktato devas esti interpretata.
De kiam malaperis en la 18-a jarcento la latina lingvo, kiam oni redaktas du ŝtatajn traktatojn kaj se la ŝtatoj ne havas la saman lingvon, kutime oni uzas la komunan lingvon de ambaŭ partioj, la oficialan lingvon de unu el ili, aŭ trian lingvon ne apartenantan al iu intertraktanto.
Sed kiam la traktatoj estas redaktataj en pluraj lingvoj, aŭ oni konsentas ke estu décida unu lingvo, aŭ oni konsideras ke ĉiuj el ili estas egale aŭtoritataj. Devas esti la traktato mem kiu klarigas kiu lingvo estas decida. Sed se tio ne okazas, oni devas supozi, laŭ la Konvencio de Vieno de 1969, ke ĉiu teksto estas egale aŭtoritata.
Jen la graveco konstati la diferencon inter "aŭtentika teksto" kaj "aŭtoritata teksto." La teksto de traktato aŭtentikiĝas per la subskribo de la reprezentanto de la ŝtato, ĉu en la traktato mem, ĉu en la Fina Akto de internacia konferenco. Sed estos fidinda nur tiu lingvo kiun en la traktato oni konsideros kiel decidan, kaj la diversaj oficialaj tradukoj taŭgas nur por faciligi la aplikadon de la traktato.
Multlingvaj traktatoj redaktitaj en pluraj lingvoj egale aŭtoritataj povas okazigi mis-komprenojn, malgraŭ la fakto ke tio estas la nuna praktiko en internaciaj konferencoj. En tiu kazo oni devas submeti la traktaton al interpretado.
La 33-a artikolo de la Konvencio de Vieno supozas ke la terminoj de la traktatoj havas en ĉiu teksto la saman signifon. Nur se aperas miskompreno, oni devas interpreti ĝin laŭ la reguloj de la 31-a kaj 32-a artikoloj de la Konvencio. Laŭ tiuj artikoloj, oni devas interpreti per la bona fido, laǔ la normala senco de la vortoj de la traktato kaj konsiderante ĝian celon. Sed oni ankaǔ povas uzi aliajn interpretajn metodojn, konsiderante la antaŭlaborojn kaj la cirkonstancojn en la intertraktado.
Kiam la malfacilaĵoj estas nesupereblaj, la 33-a artikolo antaŭvidas ke oni akceptas la signifon kiu kiom eble plej akordigas la diversajn tekstojn, ĉiam konsiderante la celon de la traktato. Sed tio prezentiĝas hodiaǔ kiel malfacila tasko. Pro tio la organo kiu devas interpreti décidas en tiu momento laǔ sia bona juĝo, ĉar la Konvencio ne permesas alian solvon por klarigi la situacion.