Langue et droit
Le droit à la langue en contexte de diglossie français-kirundi au Burundi
Langue issue de la colonisation, le français s’est imposé depuis un siècle et a fini par occuper une position de domination par rapport au kirundi et aux autres langues en présence au Burundi. Après avoir supplanté le kirundi comme langue du droit, il demeure de facto langue de l’administration et bien d’autres domaines clés concernant la vie d’un Burundi pourtant monolingue lato sensu, et malgré la restriction, voire l’abandon de son statut officiel intervenu depuis les constitutions de 1993 et de 2005. Par souci de respect des lois nationales et des instruments juridiques internationaux, mais aussi dans la foulée de l’universalisation des droits de l’homme, une certaine revendication du droit à la langue maternelle semble émerger, se fondant sur le rôle prépondérant joué par cette dernière dans un réel et durable développement. Cette préoccupation ne va pas sans soulever une évidente contradiction interne aux visées d’une francophonie soucieuse de s’assurer, en principe, du respect à l’égard des langues locales d’Afrique ou d’ailleurs érigées en partenaires, mais que, en pratique, la situation réelle au quotidien, due en l’occurrence à la diglossie kirundi-français pour le cas du Burundi, minimise par le poids culturel et l’aura du français, toujours perçu comme vestige colonial. Il s’ensuit une sorte d’hybridation à la fois linguistique et sociétale, comme une dimension importante dans la reconfiguration du Burundi post-colonial, et que la gestion du multilinguisme, voire de ses implications politiques, doit dorénavant prendre en compte.
Article language: French