Reinardus en Bohême
La transformation de la perfide bête médiévale en compagnon espiègle
L’article retrace la représentation du renard dans les sources tchèques à travers les siècles. En partant de
l’image du prince perfide de la Chronique de Kosmas (début du XIIe siècle) et du traître flagorneur
dans la Chronique en vieux tchèque dite de Dalimil (début du XIVe siècle), en passant par le renard rusé des fables en
tchèque et par la figure du mauvais conseiller des rois dans le miroir des princes de Smil Flaška de Pardubice (XIVe
siècle), cette veine de représentation négative aboutit au XVe siècle, lors de la révolution hussite, à un portrait
très défavorable de la bête rousse – aussi bien dans le camp de la reforme (La querelle de Prague et de Kutná
Hora, vers 1420) que dans le camp catholique (Pavel Žídek, vers 1463). L’image change peu à peu grâce à l’œuvre de
Dubravius et de Konáč de Hodiškov (XVIe siècle) et avant tout grâce aux manuels de deux jésuites du siècle suivant,
Melchior Hanel et Václav Jandit, présentant le sage renard enseignant les autres animaux. L’adaptation de la matière des premières
branches françaises du Roman de Renart en tchèque (par l’intermédiaire de l’allemand) date de 1845. Au
XXe siècle, ses avatars aboutissent à la figure du héros (ou de l’héroïne) sympathique: la petite renarde rusée,
transcrite en musique par Leoš Janáček, la Compagne malicieuse renarde de Josef Lada et le cynique et rusé « renard roux »
commentant l’histoire tchèque dans la série BD culte Images de l’Histoire tchèque .
Article language: French