Edited by Richard Trachsler and Baudouin Van den Abeele
[Reinardus 35] 2023
► pp. 19–48
Poissons, dauphin, baleine, pieuvre et coquillages, mais aussi crocodiles, grenouilles, crapauds et tortues peuplent les fables ésopiques grecques d’animaux aquatiques ou amphibies. Pourtant, ces personnages sont presque entièrement absents dans la fable médiévale. Comment expliquer cette disparition? Muets et nettement séparés du monde des hommes et des quadrupèdes, les poissons et les dauphins n’ont pas intéressé Phèdre qui n’en a retenu aucun dans ses fables. Avianus a traité de quelques animaux aquatiques (poisson, crabe, tortue) ce qui a garanti leur survie à l’époque médiévale, non sans quelques transformations qui affectent tôt l’iconographie. Romulus, de son côté, n’a hérité de Phèdre que la grenouille dans plusieurs récits restés fameux. Cet animal, cependant, reste ambigu: rusée ou stupide? innocente ou fole? proie ou prédatrice? À différentes périodes et dans différents styles, les fables ont tiré profit de l’ambivalence du symbolisme de cet animal de l’entre-deux.
Article language: French