De la fable à l'emblème
Narcisse et le singe
Résumé
La philautie s'est incarnée dans la tradition mythologique classique à partir du Ie siècle dans l'image du beau chasseur Narcisse, qui tomba amoureux de son reflet. La fable d'Ésope "La guénon et ses petits", reprise par Avianus et ses imitateurs, a également illustré le miserable sort de l'homme aveuglé par l'excès d'amour de soi même. Reprise par les auteurs des bestiaires à partir du XIIe siècle, non sans glissements sémantiques importants, l'iconologie du singe côtoie, s'associe et enfin se superpose à celle du "beau demoiseau": le phénomène se produit dans la littérature d'emblèmes de la fin du XVIe au début du XVIIe siècle. Nous avons retrouvé l'origine de l'association des deux héros philautiques tout en suivant leur traces dans trois textes de cette période: Discours des hieroglyphes... de Pierre L'Anglois (1583), Duodecim specula... du père jesuite Jean David (1610), Cinq livres des hiéroglyphiques... de Pierre Dinet (1614). Les trois éléments constitutifs de l'emblème (devise, image et epigramme) se composent ici de manière tout à fait originale pour dessiner l'horizon sémantique de l'amour de soi. On en retrouvra des échos dans la littérature romanesque.