Le Roman de Renart et la fable de l’Aigle et du Serpent
La fable ésopique du l’Aigle et du Renard trouve son homologue dans une fable mésopostamienne du XVIIe siècle avant notre ère, en caractère cunéiformes. Il s’agit de la fable de l’Aigle et du Serpent, qui fait partie d’un texte d’une certaine ampleur, la légende d’Etana. L’intérêt d’une étude comparative à ce sujet réside dans le fait que la fable en question traite entre autres quelques motifs qui ne se rencontrent pas chez Ésope dans ce cas-ci, mais qui font partie du contenu du Roman de Renart. Dans le texte mésopotamien, en effet, nous voyons que le serpent, pour se venger de l’aigle qui a rompu le pacte d’amitié, obtient du dieu du Soleil de pouvoir dresser une embûche à son rival. L’aigle est pris au piège, et il adresse à son tour une prière à la divinité, qui lui permet de se libérer. Dans le Roman de Renart, le goupil ayant offensé Isengrin, ce dernier fait un appel à l’autorité, et ce motif est relié à une embûche dont Renard est la victime, avec la complicité du chien Roonel. Bien entendu, il n’est pas question d’établir forcément un rapport direct entre le texte français et la fable orientale. Il s’agit plutôt de mettre en évidence l’appartenance possible à un groupe de contes, à une tradition qui n’est pas très éloignée. D’autres fables antiques traitent quelques-uns des motifs en question: en particulier, les fables ésopiques de l’Aigle et de l’Escarbot et de l’Homme et du Serpent.