Les fables en rondeau de Charles de Saint-Gilles Lenfant
l’exercice de style d’un mousquetaire du roi
Charles de Saint-Gilles Lenfant, page du roi Louis XIV et sous-brigadier de la première compagnie des mousquetaires, fit paraître, entre 1677 et 1678, quatre fables dans Le
Mercure Galant qui, plus tard, furent rassemblées, avec vingt-quatre autres apologues, dans un volume intitulé La
Muse Mousquetaire. Nous les analysons et en donnons le texte en appendice. Elles sont toutes construites en forme de rondeau et, pour respecter cette structure stylistique fixe et rigide, la matière ésopique subit des adaptations.En prenant le parti de se servir du rondeau, Saint-Gilles s’inscrit clairement dans la lignée de la galanterie mondaine et ses fables acquièrent une atmosphère de douceur et de finesse. Elles sont l’aboutissement d’un exercice de style très ingénieux, bien que dissimulé, qui paradoxalement les rend plus désinvoltes et décontractées, atténuant leur tempérament souvent sentencieux et sévère. La fable, enfermée dans le moule strict et tout à fait insolite du rondeau, gagne en gaieté, aisance, liberté. Quant au rondeau, il prend ses distances par rapport aux frivolités et affectations et s’ouvre sur une dimension plus réfléchie et instructive.