Un fabliau au cœur de Renart le Nouvel de Jacquemart Gielée
Le viol de Harouge
Cet article se propose de se pencher sur un cas singulier de l’inclusion du monde des fabliaux dans l’univers renardien en analysant le fabliau semi-animalier de Renart le Nouvel que l’on nommera l’épisode du viol de Harouge, épisode au cours duquel Renart viole Harouge, la maîtresse de Noble et femme de Hardi le léopard. Il s’agira de démontrer comment le matériau renardien est modelé pour devenir un fabliau. Ce passage est caractéristique des fabliaux en ce que Renart, pour berner le roi, ne met en œuvre aucune stratégie de ruse spécifiquement renardienne. Nous analyserons comment la situation comique est travaillée par Gielée pour que le ridicule retombe sur l’amant berné, Noble, bien incapable de reconnaître son infortune. Jacquemart Gielée utilise donc un comique propre au fabliau, cependant nous pondérerons ce jugement car cette scène de fabliau n’est pas qu’un intermède divertissant. L’auteur nous fait entrer par ce biais-là dans une logique de critique acerbe de la royauté aveugle et punie de ses propres péchés. En résumé, ce fabliau réussit une symbiose parfaite entre le comique léger du fabliau et l’économie générale d’une œuvre morale complexe.
Article language: French